Les volailles festives Label rouge entre prudence et confiance
À quelques semaines des fêtes de fin d’année, le Syndicat national des labels avicoles de France est confiant, mais prudent pour les volailles festives Label rouge, car le contexte économique est encore tendu. Les ménages procèdent à des arbitrages face à des prix élevés pour de nombreuses volailles sous signes de qualité.
À quelques semaines des fêtes de fin d’année, le Syndicat national des labels avicoles de France est confiant, mais prudent pour les volailles festives Label rouge, car le contexte économique est encore tendu. Les ménages procèdent à des arbitrages face à des prix élevés pour de nombreuses volailles sous signes de qualité.
Les fêtes de fin d’année approchent, synonymes du retour des incontournables produits festifs sur les tables des Français que sont le saumon fumé, le foie gras, la bûche et, surtout, les volailles dans toute leur diversité : chapon, pintade chaponnée, dinde, oie et poularde.
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Grand nombre de ces volailles sont certifiées Label rouge ; c’est-à-dire qu’elles répondent à un cahier des charges spécifiques en faveur du bien-être animal et de l’environnement. Exploitations à taille humaine, élevages de volailles en plein air la journée et toute l’année, accès à un parcours extérieur arboré sont quelques exemples figurant dans ce cahier des charges.
Le chapon fermier Label rouge, un produit phare
Aux réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre, le chapon fermier Label rouge tire nettement son épingle du jeu puisqu’il représente plus de la moitié des volailles festives Label rouge consommées. « Les consommateurs recherchent sa chair moelleuse », explique Benoît Drouin, vice-président du Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf) qui regroupe les éleveurs Label rouge. Il justifie l’appétence des Français pour ce produit par son modèle de production. « Cette volaille est élevée uniquement à l’occasion des fêtes de fin d’année par petites bandes dans des bâtiments clairs à la lumière naturelle et de petite taille – 400 mètres carrés au maximum –, dans lesquels la densité maximale est de 6,25 chapons par mètre carré. Les animaux ont accès dès qu’ils s’emplument à un vaste parcours herbeux et ombragé, obligatoirement aménagé de vingt arbres ou arbustes – 4 mètres carrés au minimum par sujet », complète-t-il.
Les produits festifs résistent, les autres moins
Les Français restent très attachés à leurs repas de fête. L’an dernier, malgré l’inflation et le contexte économique plus difficile, ils ont choisi la gourmandise, la tradition et le plaisir d’offrir. « Tous les volumes ont été vendus », assure Bernard Tauzia, président du Synalaf. C’est le caractère festif qui a soutenu la demande. Près de 2 557 000 de volailles festives avaient été mises en place en 2022. Cette année, 2 518 000 de volailles festives Label rouge sont prévues pour une durée de six mois. « Elles sont attendues en rayon à mi-décembre, tout juste au début de la saison festive, gage de fraîcheur », indique Bernard Tauzia.
Rassuré par la saison précédente, le Synalaf se montre néanmoins prudent au vu de la situation économique, bien que « Noël et le Nouvel An sont sur trois jours chacun », nous fait part Bernard Tauzia, sous-entendu que les jours fériés entraîneront des week-ends prolongés. En poulet Label rouge, les achats des ménages ont reculé de 1,2 % en volume au premier semestre 2023 sur un an, d’après l’Itavi, et de 12 % en bio. En revanche, ils ont progressé de 7,1 % pour le poulet prêt à cuire standard, à la même période. Hors période festive, c’est le prix qui dicte le marché. « En moyenne, le poulet Label rouge est vendu à 8 €/kg, contre 4,50 €/kg pour le standard et 12 €/kg pour le bio », mentionne Benoît Drouin.
Dans ce moment de tension économique, le Synalaf compte sur sa campagne « la volaille comme vous ne l’avez jamais vue » mise en place avec le soutien de l’Union européenne, il y a déjà une année. Près de 20 élevages Label rouge sont équipés de caméras, garantissant toute transparence avec les consommateurs. Les images sont diffusées en direct sur le site web du syndicat, mais aussi sur plusieurs grandes plateformes de replay. « Le plan média de la campagne a dépassé les objectifs fixés en 2022 avec, pour l’ensemble des outils diffusés, 201 millions d’impressions, plus de 33 millions de vues et plus de 440 000 clics », cite Maxime Godart, responsable communication du Synalaf. Reste à savoir si les téléspectateurs français, mais aussi allemands, belges, néerlandais, danois et suédois, à qui la campagne est aussi destinée, vont davantage se tourner vers les volailles Label rouge.
Des promotions pour doper les ventes
Le Synalaf se veut donc prévoyant, mais souhaite réitérer son offre promotionnelle en magasin. « Nous allons demander la possibilité de faire plus de promotions », indique Bernard Tauzia. Cette mesure est un gage de sécurité supplémentaire. Depuis le mois de mai, l’augmentation des prix alimentaires ralentit. Du côté des coûts de production aussi, on constate un repli, mais ils demeurent à un haut niveau. En juillet, mois des premières mises en place des volailles festives, l’indice Itavi poulet Label rouge (aliment non-OGM) était de 125,3 points en 2023 ; c’est 1,5 % de moins par rapport à juin et une baisse de 29,4 % sur un an.
Cependant, les prix ne baissent que de quelques centimes en rayon. En ce sens, pour le Synalaf, il est urgent de relancer la demande des consommateurs. La demande existe, puisque la viande de volaille est la préférée des Français, largement portée par le poulet. Cette viande blanche est considérée comme plus saine, plus facile à cuisinier et moins émettrice de gaz à effet de serre.
Les Français sont les premiers consommateurs européens de poulet avec 28 kg par an et par habitant devant l’Allemagne et l’Espagne. Leur consommation de volaille a grimpé de 1,4 % au cours des cinq premiers mois de l’année sur un an et de 4,2 % en poulet à la même période. Toutefois, face à des prix élevés, les ménages procèdent à des arbitrages et des descentes en gamme. Les marques de distributeurs n’ont jamais eu autant le vent en poupe que ces derniers mois, tandis que les achats des produits sous signes de qualité connaissent une forte décroissance.
Moins de marge pour la distribution
Pour le Synalaf, les distributeurs ont leur rôle à jouer dans la relance de la demande en volaille Label rouge, et ce, pas uniquement au moment des fêtes de fin d’année. Dans cette période où les distributeurs se posent en défenseurs du pouvoir d’achat, le vice-président du Synalaf ne mâche pas ses mots et lance un appel à l’ensemble du secteur : « Le coût de l’aliment volaille Label rouge est en baisse. Il faut que la GMS, où entre 60 et 70 % de notre production est vendue, respecte l’indexation des prix de l’aliment. Ces baisses permettraient de rendre nos produits attractifs, mais la GMS préfère faire des marges. […] Plus le prix du produit est cher, plus la distribution se fait de la marge ! »
Peur de connaître le même sort que le bio
La véritable crainte de la filière, c’est de partager le même sort que le bio. Des prix trop élevés par rapport au porte-monnaie des ménages n’incitent plus les consommateurs à acheter bio. Rien qu’au premier semestre 2023, le prix du poulet bio vendu en GMS a pris 13 % pour atteindre 11,91 €/kg. « Vous avez vu ce qu’il s’est passé en bio ? », s’inquiète le vice-président du Synalaf.