Les secrets du dynamisme de la filière viande bovine espagnole
Une production en plein essor, une attitude conquérante à l’export, les opérateurs espagnols de la viande bovine ont révélé à l’Institut de l’élevage leur stratégie.
Une production en plein essor, une attitude conquérante à l’export, les opérateurs espagnols de la viande bovine ont révélé à l’Institut de l’élevage leur stratégie.
Les filières porcines et avicoles espagnoles ont surpris leurs homologues français par leur dynamisme insolent ces dernières années. C’était au tour de la filière bovine de prendre la mesure de la vitalité de l’élevage allaitant de l’autre côté des Pyrénées, lors de la conférence sur le marché mondial, organisée par l’Idele, en juin.
L’Espagne, qui possède le deuxième cheptel allaitant de l’UE derrière la France, a produit 732 000 tonnes équivalent carcasse en 2022, c’est 2 % de plus qu’en 2021, mais surtout 24 % de plus qu’en 2012. Le dynamisme profite avant tout aux jeunes bovins (+65 % en dix ans), engraissés dans le centre du pays et aux génisses (+54 % sur la période) plutôt qu’à la production traditionnelle en Aragón et Catalogne de bovins jeunes de 8 à 12 mois (-11 %).
Un exportateur de viande qui compte
Le moteur de la croissance de la filière bovine espagnole est l’export, puisqu’un tiers de la production quitte les frontières du pays, pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars, selon l’USDA. Notre voisin a exporté 185 000 tonnes équivalent carcasse (tec) de viande bovine réfrigérée en 2022, soit 9 % de plus qu’en 2021, et pas moins de 73 % de plus qu’il y a dix ans. Cette viande est en premier lieu destinée au Portugal (34 % des envois), à l’Italie (25 %) et à la France (10 %).
Les opérateurs espagnols ont aussi exporté 60 000 tec de viande congelée l’an dernier, dont un tiers à destination des pays tiers, au premier rang desquels le Canada, l’Indonésie, le Maroc, le Royaume-Uni, les Philippines, le Vietnam et le Japon.
Assurer ses approvisionnements par l’intégration
Pour Andrea Montemezzani, export manager de la société Viñals-Soler, les deux défis des entreprises espagnoles des viandes sont de « garantir ses approvisionnements et [d'] atteindre l’équilibre carcasse ». Le commercial explique en effet qu’il y a une forte saisonnalité des offres « actuellement, en ce début juin, les sorties sont nombreuses à cause de la sécheresse et des prix incitatifs, mais rien ne nous dit comment nous finirons l’année ».
Pour pouvoir être en mesure de faire tourner les outils sur douze mois, « Viñals-Soler développe l’intégration. Pour le moment, cela concerne 2 000 têtes sur nos 40000 têtes annuelles, mais nous espérons disposer de 20 % d’animaux intégrés d’ici 5 à 8 ans, explique Andrea Montemezzani. Malgré les coûts de production qui flambent nous continuons de mettre en place des petits veaux pour garantir nos abattages à venir. »
La société ibérique, qui réalise 17,7 millions d’euros de chiffre d’affaires, exporte 27 % de la viande qu’elle produit, notamment 12 % vers la France. « Nous travaillons avec Nice, Marseille, Toulouse… vers les boucheries halal qui nous achètent des JB de 450 kg, précise Andrea Montemezzani. Nous souhaitons avant tout nous développer sur l’export pays tiers, pour améliorer notre équilibre carcasse, notamment l’été sur les avants. »
L’opérateur confie aussi son optimisme sur ses relations commerciales avec le Moyen-Orient « qui achète des pièces nobles halal, par avion ».