Les Banques alimentaires lancent un cri d’alarme
Parmi les 2,6 millions de Français bénéficiant des aides alimentaires, peu savent que l’Union remplit leurs assiettes. Mais la situation pourrait bien changer avec la réforme de la PAC, dès 2005. Selon Marc Castille, du Secours Populaire Français, « elle devrait mettre fin, physiquement et juridiquement, aux stocks alimentaires sur lesquels comptent les associations». Ainsi, au Secours Populaire, près de la moitié des 40 millions de repas distribués tous les ans est réalisée à partir d’aliments en provenance de ces stocks. Depuis 1987 et la création par Jacques Delors du PEAD (plan d’aide aux plus démunis), l’Union régule ainsi le marché tout en offrant des débouchés aux surplus. « Pour l’essentiel, il s’agit de beurre, de bœuf et de blé » indique Marc Castille.
À l’évocation d’un possible arrêt, fin 2005, du PEAD, le président du Secours Populaire Julien Lauprêtre a lancé « un cri d’alarme» pour maintenir, sous cette forme ou non, une aide devenue indispensable.
« Un problème à l’échelle européenne »
En 2003, l’Union européenne a distribué l’équivalent de 200 millions d’euros en nourriture, en direction de la Banque Alimentaire, du Secours Populaire, des Restos du Cœur et de la Croix-Rouge. « Nous ne touchons pas d’argent, mais un montant équivalent en denrées alimentaires » explique Marc Castille. « Mais si les stocks communautaires et donc le PEAD viennent à disparaître, alors nous demandons que ce qui nous était attribué le soit de nouveau, cette fois sous forme financière».
Les associations souhaitent également étendre la distribution de matières transformées. Les produits récupérés doivent en effet être distribués en l’état. Impossible par exemple de transformer les pommes en compote, bien qu’il existe quelques exceptions pour la viande et les produits laitiers. À trois mois des élections européennes, le sujet est d’actualité, et fait s’activer les différentes structures bénéficiant de la redistribution des surplus agricoles.
Les Restos du Cœur ont alerté le ministère de l’Agriculture, et le Secours Populaire est en train de saisir les députés européens, tout comme la Fédération européenne des banques alimentaires. Au mois de janvier dernier, elle a organisé une exposition au Parlement de Strasbourg, pour sensibiliser les députés. En conclusion de cette manifestation, les participants ont décidé de rédiger une motion pour demander à la commission d’étudier les mesures à prendre pour maintenir le PEAD et les modifications à apporter pour en permettre l’exécution. « C’est un problème à l’échelle européenne, conclut Marc Castille. Avec l’ouverture aux dix nouveaux pays, c’est 130 millions de personnes qui vont être dans le besoin ».