Les activités agroalimentaires de la Cavac souffrent
Le groupe coopératif vendéen a réalisé un exercice 2021-2022 satisfaisant. Mais l’inflation, le tassement du bio et la grippe aviaire dessinent un environnement préoccupant.
Le groupe coopératif vendéen a réalisé un exercice 2021-2022 satisfaisant. Mais l’inflation, le tassement du bio et la grippe aviaire dessinent un environnement préoccupant.
Le groupe coopératif vendéen Cavac a présenté le vendredi 16 décembre aux Sables d’Olonne le bilan de l’exercice 2021-2022, clos au 30 juin, lors de son assemblée générale annuelle. Un exercice qualifié de «très correct» par le président de la coopérative, Jérôme Calleau. Cavac a bénéficié du contexte agricole porteur de 2021 marqué par de bonnes récoltes et une remontée des prix agricoles. Mais la guerre en Ukraine a constitué le départ d’une seconde moitié d’exercice plus chahutée, pénalisée par l’accélération de l’inflation, la crise énergétique et, pour la coopérative, par les dégâts de la grippe aviaire.
Une capacité d’autofinancement préservée
Au regard de ces éléments, le groupe coopératif affiche une stabilité dans ses résultats économiques. Sa capacité d’autofinancement consolidée atteint 30,2 millions d’euros, identique à celle de 2020-2021. Le résultat net consolidé a lui été prudemment arrêté à 7,6 millions d’euros (contre 10,2 millions sur l’exercice précédent) en anticipation d’un prochain exercice rendu plus compliqué par la sécheresse estivale de 2022 et les conséquences de la guerre en Ukraine. Le chiffre d’affaires du groupe s’élève enfin à 1,16 milliard d’euros, sa progression de 12 % étant liée aux phénomènes de prix.
L’enjeu de l’installation en élevage
Le pôle végétal, qui représente 38 % du CA du groupe, a connu un exercice marqué par une récolte 2021 satisfaisante en été et record en automne. La collecte céréalière a atteint les 874 000 tonnes, dont 83 000 tonnes en bio, en hausse de 35 %. Pour 2022, du fait des conditions climatiques, la récolte d’automne sera «divisée par deux», annonce Jacques Bourgeais, directeur général de Cavac.
Le pôle animal est lui affecté par deux phénomènes, l’un conjoncturel, l’autre structurel. La grippe aviaire a pour la première fois massivement secoué le territoire de Cavac. 119 élevages sur 350 ont été touchés et la perte est estimée à 20 millions de volailles. La recrudescence actuelle du virus laisse augurer une nouvelle année compliquée. Cavac est par ailleurs confronté à la baisse continue du nombre d’élevages. Alors que 75 % de ses 4 730 exploitations comptent au moins un atelier d’élevage, la coopérative a lancé début 2022 une «Dotation Elevage» pour accompagner les installations. Elle a bénéficié à 80 jeunes agriculteurs, pour une enveloppe de 734 000 euros, installés à 54 % en bovins et à 30 % en petits ruminants. Cavac a ainsi lancé depuis deux ans une nouvelle activité en brebis laitières. Une dizaine d’éleveurs livrent leur lait à la coopérative Eurial, qui le transforme, et leur nombre pourrait doubler rapidement.
Les filiales agroalimentaires en recul
Les filiales agroalimentaires de Cavac affichent un chiffre d’affaires en recul de 1,3 % sur l’exercice précédent. Jacques Bourgeais dénonce «des difficultés à répercuter vite et suffisamment la hausse des coûts de revient, générant un phénomène de pincement des marges sur ces activités agroalimentaires». Cavac souffre également des difficultés de l’agriculture biologique, dans laquelle la coopérative s’est fortement engagée, pesant par exemple 10 % de la collecte nationale de céréales en bio. Jérôme Calleau ne cache pas son inquiétude face à la «réduction de l’attractivité des productions les plus différenciantes» et espère ne pas voir «se casser cette dynamique de filières que nous avons mis tant d’années à construire». Bioporc illustre ces difficultés et, pour adapter l’offre aux besoins, Cavac a pris la décision de réduire de 25 800 à 20 500 la production de porcs bio sur 2022-2023.
Confronté à la flambée du poste énergie, Cavac a mis en place un groupe de réflexion sur les économies réalisables. Dans le secteur de la nutrition animale, très énergivore, la production, quand c’est possible, de farines grossières plutôt que de granulés, est à l’étude. Cavac n’a enfin pas prévu cet hiver de réduire la production dans ses usines agroalimentaires mais a conclu un accord d’effacement avec Enedis «sur les onze sites les plus stratégiques», indique Jacques Bourgeais.