L’avis du cabinet Gira
« Le snacking, sans goût, sans âme, industriel, c’est fini »
Les Marchés Hebdo : Si l’on veut observer les dernières tendances en matière de snacking, quel circuit faut-il privilégier ?
Bernard Boutboul : Aussi bien Carrefour, que le cinéma, que la boutique d’autoroute. Le snacking, c’est tous les circuits, il est diversifié. Avant l’arrivée d’Alain Cojean, on avait deux produits, le sandwich et le burger ; aujourd’hui, on en a 51 (kebab, bretzel, couscous, bagel…). Nous sommes le pays qui a décidé de réinventer la restauration rapide. Car on a de moins en moins de temps pour déjeuner. Et plus, ça se diversifie, plus ça gagne tous les Français. En 2001, A. Cojean a amené une montée en gamme, depuis tout le monde s’y met. Aujourd’hui, le snacking se vend entre 6 euros et 28 euros. La tendance, elle est partout. Après, il y a des circuits qui jouent plus ou moins bien la partie.
LMH : Lesquels ?
B. B. : La GMS joue remarquablement bien la partie, surtout les magasins de proximité. La boulangerie aussi : 80 % des 34 000 boulangeries ne ferment plus entre 12 heures et 14 heures et font 40 % de leur chiffre d’affaires en snacking. Les stations-services sur les autoroutes font un travail de folie !
LMH : Quelles sont les grandes tendances 2019 en France ?
B. B. : La tendance très lourde, c’est le pain : des morceaux de protéines entre deux morceaux de pain et c’est un carton. C’est le gros avantage du bagel où on peut choisir son pain, sa sauce, sa garniture. L’autre tendance, c’est « minute personnalisable », à savoir le produit fait devant moi comme je veux. Le snacking, sans goût, sans âme, industriel, c’est fini. Il ne faut pas oublier que 25 % de la population tertiaire féminine a plus ou moins recours à la gamelle.
LMH : Observe-t-on une différence selon les circuits ?
B. B. : Les hypers et supermarchés sont un peu à la traîne. Car ils ont l’habitude de faire appel à l’industrie agroalimentaire. Mais ça change. Carrefour implante des kiosques Sushi Daily, Auchan le fait avec Sushi Gourmet, Super U a fait rentrer un kiosque Sobedo…
LMH : Quels sont vos conseils pour un industriel qui voudrait anticiper les tendances du snacking ?
B. B. : Il faut passer au stade R & D et innovation. Quand l’un sort un sandwich, tout le monde sort le même ! Pourquoi ne pas inventer un peu, de nouveaux produits snacking, de nouveaux packagings (plus jolis, plus innovants). Pourquoi ne pas faire descendre des produits traditionnels dans le snacking. Et que les industriels n’aillent pas chercher des modèles aux États-Unis ou à Londres, mais chez nous. On est sur un marché porteur, la restauration a représenté 90 milliards d’euros en 2017 dont 57 % en snacking.