Le quinoa pousse de plus en plus en Anjou
Les Français ont consommé l’an dernier 6 000 tonnes de quinoa. 2 000 tonnes ont été produites en Anjou. Cette filière de niche – mais en développement – est la seule de cette dimension en France et même en Europe. Elle est née de la rencontre entre un homme et une coopérative. Ingénieur agronome installé en France, l’Américain Jason Abbott s’est intéressé au quinoa en 2007. Il s’est appuyé sur les travaux menés par l’Université néerlandaise de Wageningue pour conduire un programme de sélection variétale et de recherche agronomique. Née en 2008, sa société Abbottagra intègre une ferme expérimentale de 18 hectares.
Un potentiel de 300 agriculteurs
Le rapprochement avec la Coopérative agricole du Pays de Loire (CAPL) s’est effectué en 2009 avec des essais grandeur nature sur une centaine d’hectares. Soucieuse de diversification pour la préservation des sols de ses adhérents, la CAPL recherchait des cultures alternatives au blé et au maïs. Malgré des débuts mitigés, les deux partenaires ont décidé de poursuivre sur la voie de cette nouvelle filière, car le climat de l’Anjou, réputé pour sa douceur, convient à une plante fragile, qui aime le frais et le sec.
La génétique développée par Abbottagra diffère de celles de la Bolivie et du Pérou, berceaux andins du quinoa. « Nous avons adapté la culture du quinoa à la région, sans trop changer les habitudes des agriculteurs », souligne Jason Abbott.
400 hectares de quinoa rouge en 2018
S’apparentant aux semences de fleurs et aux petites cultures potagères pratiquées en Anjou, le quinoa séduit un nombre croissant d’adhérents de la CAPL. Ils sont aujourd’hui 250 engagés dans cette diversification, sur les 1 500 agriculteurs de la coopérative, avec un potentiel estimé à 300. 1 700 hectares ont été semés en mars dernier pour une récolte en été. Filière qualité, tracée et sécurisée, le quinoa d’Anjou respecte l’environnement : le cahier des charges interdit les herbicides et autorise uniquement des insecticides de contact avant floraison.
Culture fortement soumise aux aléas climatiques, le quinoa dégage « une marge équivalente à celle d’un blé sous contrat », indique Christian Blet, qui a franchi le pas en 2015 sur son exploitation de Courchamps. Comme plusieurs collègues de la CAPL, il a essayé cette année le quinoa rouge. Cette nouvelle variété de quinoa d’Anjou, semée sur 400 hectares, sera commercialisée en 2018. Le quinoa d’Anjou est aujourd’hui pour partie vendu en circuits courts (restauration, épiceries fines, GMS locales) sous cette marque, mais l’essentiel est acheté par les industriels et faiseurs de MDD.
Alors que la consommation de la graine semble stagner en France, Maud Abbott est chargée chez Abbottagra de la recherche de nouveaux débouchés et d’innovation. La société vient de lancer un premier produit à valeur ajoutée, Quinoa Crack, des céréales pour le petit-déjeuner, sans sucre ni matière grasse. Garanti sans gluten, riche en protéines et en acides animés, le quinoa d’Anjou ne manque pas d’atouts pour séduire de nouveaux consommateurs soucieux de manger sainement.