Étiquetage
Le Nutri-Score ne séduit pas tous les industriels agroalimentaires
Trente-trois entreprises de l’agroalimentaire et de la grande distribution se sont engagées à date à utiliser le logo Nutri-Score. Mais n’étant pas obligatoire, de nombreux industriels n’adhèrent pas à la démarche qui peine à se développer. Les pouvoirs publics aimeraient malgré tout l’étendre à la restauration collective.
Le Nutri-Score, étiquetage nutritionnel recommandé par l’État, les associations de consommateurs et la communauté scientifique en France, a été lancé en novembre 2017 en France. Salué par l’Organisation mondiale de la santé pour sa vocation de santé publique, le logo bénéficiera d’une campagne de promotion télévisuelle à partir du 6 mai. Mais cinq mois après son lancement, peu d’industriels sont venus grossir la liste des entreprises engagées dans la démarche Nutri-Score qui comptait trente-trois noms début février. On trouve parmi eux les distributeurs E.Leclerc, Auchan, Intermarché et Casino, qui déposent le logo sur les produits de leurs marques propres. D’autres grands noms de l’agroalimentaire ont aussi répondu présents, tels que Danone, Bonduelle, McCain, ou Fleury Michon.
La cause de la faible attractivité de l’étiquetage Nutri-Score : son caractère facultatif, entraînant la résistance de nombreux industriels agroalimentaires, malgré une demande des consommateurs très forte. E.Leclerc précise que le Nutri-Score arrivera progressivement sur les emballages de ses marques de distributeurs Marque Repère, Bio Village et Éco + de juin 2018 au premier semestre 2020. Pour de nombreuses autres marques, le logo arrivera progressivement, en attendant l’écoulement des stocks en cours.
Malgré des débuts timides, le Nutri-Score est amené à se développer, en témoigne le projet de son extension à la restauration collective et commerciale à partir de janvier 2020, toujours sur la base du volontariat. Les députés ont en revanche refusé un amendement soutenu par Olivier Véran, député de La République en marche de l’Isère, pour rendre obligatoire le dispositif Nutri-Score d’étiquetage sur tous les messages publicitaires sur les denrées alimentaires. Le rapporteur s’est dit favorable à la démarche, mais a jugé que la mesure devait être retravaillée, tandis que le ministre a estimé qu’une obligation serait une entrave au marché.
De nouveaux outils en développement
En réponse au difficile développement du Nutri-Score, de nouveaux outils d’information et d’évaluation de la valeur nutritionnelle des produits alimentaires sont mis à disposition des consommateurs. Depuis début avril, un calculateur élaboré par l’Inra, en lien avec l’Inserm, est accessible pour les entreprises et pour toute personne souhaitant calculer un Nutri-Score non étiqueté.
Application Yuka : 2 millions d’utilisateurs actifs
Une application smartphone, nommée Yuka, attribue par ailleurs une note sur 100 et une appréciation aux produits alimentaires, en fonction de la qualité nutritionnelle et de la présence d’additifs. « L’application compte aujourd’hui 250 000 produits répertoriés grâce aux 2 millions d’utilisateurs actifs qui scannent au moins un produit toutes les deux semaines », déclare Julie Chapon, cofondatrice de Yuka.
La base de données d’Open Food Facts, sur laquelle repose Yuka, est reconnue par les experts en nutrition. « Leur travail est solide et sérieux », a affirmé à France Info Serge Hercberg, professeur de nutrition et concepteur de Nutri-Score. Il voit d’un bon œil le développement de ce type d’applications. « Elles me paraissent utiles pour le consommateur, qui a ainsi accès à l’information, et pour faire pression sur les industriels. J’espère que cela les incitera à mettre le Nutri-score sur leurs produits », a-t-il déclaré.