Le mouvement start-up continue de pousser dans l’agroalimentaire

Présenté comme le plus grand campus de start-up au monde avec ses 3 000 stations de travail, Station F, le projet de Xavier Niel, a ouvert ses portes dans le XIIIe arrondissement parisien le 29 juin. Une vingtaine de partenaires prestigieux, dont Facebook, Microsoft ou Ubisoft ont déjà apporté leur soutien à cet incubateur, en lançant des programmes d’accompagnement sur le campus. Si certains portent sur des thématiques spécifiques, comme la construction, l’automobile connectée ou la mode, aucun ne concerne spécifiquement l’agroalimentaire.
Le train des start-up alimentaires est-il en perte de vitesse ? Si les initiatives se multiplient, il est difficile d’avoir des chiffres exacts pour quantifier l’écosystème start-up au sein du secteur. « L’alimentaire attire toujours autant les start-up », répond Matthieu Vincent, fondateur de l’agence DigitalFoodLab, qui accompagne les projets foodtech et prépare justement pour la fin d’année un rapport sur les investissements dans ce secteur. « Le nombre d’investissements a progressé, avec des montants plus élevés et présentant des risques plus importants, par exemple dans les algues ou les insectes », dit-il.
Alors que la tendance était plutôt aux services, « on observe depuis quelques mois une augmentation du nombre de projets autour de la création de nouveaux produits. Les start-up n’ont plus seulement l’ambition de se faire racheter, mais ont de plus en plus la volonté de se développer, même à l’étranger », ajoute Matthieu Vincent.
Sentir certaines tendances et investir quand le ticket d’entrée est faible
Si de plus en plus de grands groupes investissent dans l’accompagnement de start-up, à l’image de Danone qui a pris 40 % du capital de Michel et Augustin ou Nestlé USA qui a conclu un partenariat avec Rabobank et RocketSpace pour soutenir leur accélérateur Terra, les PME aussi peuvent tirer parti de cet essor.
« Il y a plusieurs moyens de prendre part au développement des start-up. Certaines entreprises, généralement les plus grosses, disposent de leur propre incubateur en interne ou investissent directement dans les start-up. Mais il est aussi possible de créer des partenariats avec des incubateurs (comme Dijon Céréales, partenaire de l’incubateur Accelerise, ndlr) ou de travailler directement avec elles, à l’image de Poult qui utilise la chaleur produite par son process de fabrication pour la culture de spiruline d’Alg & You », énumère Matthieu Vincent. « Les grands groupes ont parfois tendance à prendre peu de risques et à investir tard dans les start-up, alors que les PME peuvent sentir rapidement certaines tendances et investir quand le ticket d’entrée est encore faible », complète-t-il.
Un incubateur européen pour PepsiCo
De plus en plus d’accélérateurs se spécialisent dans le domaine alimentaire. PepsiCo a par exemple lancé en mars dernier son programme PepsiCo Nutrition Greenhouse, qui vise à accompagner des entreprises européennes commercialisant des aliments et boissons nutritionnels dont le chiffre d’affaires n’excède pas les 2 millions d’euros.
Le groupe a révélé le 15 juin les noms des huit entreprises qui ont rejoint son incubateur collaboratif. Parmi elles, le Français Jimini’s, spécialisé dans les insectes comestibles. Il s’est vu offrir une subvention de 25 000 euros et un accompagnement de six mois par les experts de PepsiCo afin d’accélérer la croissance de ses activités.
Fleury Michon partenaire d’Ulule
Le groupe vendéen Fleury Michon a quant à lui annoncé le 26 juin qu’il s’engageait auprès de la plateforme de financement participatif Ulule. Il a alloué une enveloppe de 150 000 euros pour soutenir seize projets, dont trois ont été sélectionnés par les collaborateurs du groupe pour bénéficier d’un accompagnement plus approfondi : Le Frigo jaune, qui propose une solution antigaspillage alimentaire pour les entreprises, Le Duc gascon, un élevage bio de porcs noirs gascons, et Mamie régale, une plateforme de mise en relation de retraités cuisinant des petits plats avec des actifs à la recherche de solutions pour leur pause déjeuner.
Seconde saison pour Accelerise
Enfin, le programme d’accélération de Vitagora Accelerise a lancé début mai l’appel à candidatures pour sa seconde promotion. La sélection des start-up aura lieu le 11 juillet pour un début de programme fixé au 14 septembre. La première promotion a accueilli par exemple Tassiopée, une jeune société qui veut commercialiser une tasse éphémère à croquer.
Vitagora participe également au recrutement des trois start-up françaises qui participeront au European agri-food start-up of the year challenge, un concours permettant aux start-up participantes de rencontrer des investisseurs et des industriels agroalimentaires de toute l’Europe.