Plats
Le fait maison n’est pas toujours moins cher
Selon des chercheurs de l’Inrae, les plats faits maison ne seraient pas toujours moins chers que les plats industriels si on prend en compte le coût du temps. Explications.
Selon des chercheurs de l’Inrae, les plats faits maison ne seraient pas toujours moins chers que les plats industriels si on prend en compte le coût du temps. Explications.
« Cuisiner maison revient moins cher qu’acheter des plats préparés », voici une idée reçue que des chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) ont réussi à remettre en question. Leur étude « Industrially processed v/s home-prepared dishes : what economic benefit for the consumer ? », publiée dans Public Health Nutrition le 27 mai 2020, a pour but de comparer les dépenses des consommateurs, d’une part, lors de l’achat de plats industriels et, d’autre part, lors de la confection d’un plat à domicile.
Une étude d’autant plus pertinente quand on sait qu’en 1973, la quantité de plats cuisinés industriels achetés par les ménages français pour une consommation à domicile était quasi nulle, alors qu’en 2010 elle avoisinait les 50 g par jour et par personne. Vie moderne oblige, les plats cuisinés, plus pratiques et adaptés à une vie quotidienne exigeante, se sont popularisés au fil des années. À l’inverse, le temps passé à cuisiner à la maison a diminué depuis 1985 avec notamment une forte augmentation des jours où les ménages ne cuisinent pas du tout. À noter que 75 % du temps passé à la cuisine est du temps féminin.
Le coût du temps de préparation à ne pas oublier
Pour cette étude, dix-neuf plats préparés les plus consommés par les Français (comme la quiche lorraine, le taboulé, la soupe de légumes, le bœuf bourguignon ou encore le gratin dauphinois…) ont été répertoriés. Les prix ont été relevés en supermarché pour les plats industriels et à partir des recettes, les coûts de ces mêmes plats faits maison ont été estimés, sur la base du prix des ingrédients qui les constituent.
Les résultats obtenus révèlent qu’en prenant en compte le coût du temps, cuisiner à la maison à partir d’ingrédients bruts revient plus cher qu’acheter des plats industriels. « Pour quatre portions (4p), si l’on ne tient compte que du prix d’achat, les plats industriels sont, en moyenne, 0,84 € plus chers que les mêmes plats faits maison. Quand on intègre le coût de l’énergie pour cuisiner ou réchauffer ces plats, les plats industriels restent plus chers de 0,60 €/4p. En revanche, lorsque le coût du temps de préparation (estimé au Smic horaire) est considéré, alors le plat réalisé à la maison est de 5,34 €/4p, soit plus cher en moyenne que le plat industriel », indique l’étude.
Les plats industriels sains et abordables peuvent réduire les inégalités
Selon l’étude, il convient de tenir davantage compte du coût supplémentaire que représente pour les consommateurs le temps passé à préparer des repas à la maison, surtout pour les familles à faible revenu dont les contraintes de temps, de ressources et d’équipement peuvent les dissuader d’acheter et de préparer des aliments frais et périssables. « Garantir la disponibilité de plats industriels pratiques, abordables et ayant une qualité nutritionnelle avérée pourrait contribuer à promouvoir une alimentation saine, tout en luttant contre les inégalités hommes femmes et contre les inégalités sociales », concluent les chercheurs.
Méthodologie de l’étude
Les instructions de cuisson ont servi à calculer l’énergie consommée pour la préparation du plat ; récoltées directement sur l’emballage pour l’industriel et sur un site de cuisine en ligne pour les faits maison tout en considérant la recette la plus proche de celle de la table Inca2. Le coût de l’énergie consommée pour la préparation faite maison a été calculé en multipliant la consommation d’énergie de chaque appareil de cuisson utilisé par le temps de cuisson et le coût énergétique correspondants.
Seule la valeur marchande du temps pour les plats faits maison a été calculée, sur la base du temps nécessaire à la préparation. Elle a été évaluée selon le salaire minimum versé à un cuisinier non qualifié.