Le commerce équitable « made in France » progresse
En 2016, les ventes de produits issus du commerce équitable « Made in France » se sont élevées à 134 millions d’euros, en progression de 25 %. Ce nouveau marché tente de trouver sa place auprès des consommateurs.
À l’occasion des premières assises du commerce équitable qui se sont tenues le 8 décembre dernier, les tendances de ventes de produits issus du commerce équitable Nord-Nord en 2016, désormais baptisé « Made in France » par les acteurs de ce marché, ont été dévoilées. Le chiffre d’affaires de ce jeune secteur s’élèverait à 134 millions d’euros, contre 108 millions d’euros l’année dernière. La loi Hamon sur l’Économie sociale et solidaire, adoptée en juillet 2014, est venue bouleverser les lignes du commerce équitable habitué aux échanges Nord Sud, en ouvrant ce secteur aux échanges Nord-Nord. Ce changement de réglementation a offert des opportunités à des filières alimentaires éprouvées et échaudées par les différentes crises agricoles. Pour Julie Stoll, déléguée générale de la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE), cette croissance de 25 % « témoigne de l’engouement des citoyens pour cette consommation qui garantit un partage équitable de la valeur de la fourche à la fourchette ». « Les filières se construisent autour des principes du commerce équitable qui garantit des prix stables et rémunérateurs aux agriculteurs », ajoute-t-elle. Il y a aujourd’hui 4 500 producteurs impliqués dans ce type de filière, dont 3 900 en bio, et une centaine d’entreprises transformatrices. Ce sont plus de 1 250 points de vente, dont les réseaux de magasins biologiques ou les boulangeries avec la démarche Agri-Éthique, qui ont commercialisé 40 millions de produits en 2016.
En réflexion, un label commun bio et équitable
Parmi les acteurs économiques précurseurs de ce commerce équitable à la française, on retrouve la démarche « Ensemble, solidaires avec les producteurs » de Biocoop, les entreprises labellisées Biopartenaires et Ecocert équitable, la démarche Paysans d’ici d’Ethiquable, et plus récemment, la démarche Agri-Éthique. « Pour mobiliser les consommateurs et les inciter à faire le choix d’une consommation plus citoyenne et durable, nous avons misé sur la transparence de nos engagements et sur la traçabilité à tous les échelons de nos filières de commerce équitable », argumente Claude Gruffat, président de Biocoop.
Dans les rayons de ses points de vente, les produits biologiques ont été remplacés par des références biologiques et équitables comme le café, le sucre ou le chocolat. « Quand nous pouvons mettre du bio et de l’équitable, nous le faisons. Le rôle des distributeurs est majeur dans la construction de filières durables. Nous réalisons aujourd’hui 24 % de notre chiffre d’affaires avec des produits équitables, dont 14 % issus du commerce Nord-Nord. Et cette proportion ne va faire qu’augmenter, j’en suis convaincu », note-t-il. La convergence est de plus en plus forte entre l’agriculture biologique et le commerce équitable, l’un apportant un mode de production, l’autre garantissant des prix stables. « Nous réfléchissons à un label commun. C’est un travail en cours », ajoute Julie Stoll. Aujourd’hui, ce sont près de 70 % des produits équitables qui sont également certifiés biologiques.