Cuniculture
Lapin : la filière a soif de changement
2017 est une nouvelle année à oublier pour la filière cunicole française. Bien qu’en perte de vitesse, le secteur reste toutefois mobilisé pour enrayer le déclin de la consommation.
2017 est une nouvelle année à oublier pour la filière cunicole française. Bien qu’en perte de vitesse, le secteur reste toutefois mobilisé pour enrayer le déclin de la consommation.
L’année « 2017 a été difficile pour la filière », reconnaît Dominique Le Cren, directrice du Comité lapin interprofessionnel pour la promotion des produits (Clipp). En cause surtout, « une forte baisse de la consommation, une tendance à la fois structurelle et conjoncturelle », précise-t-elle. Pour François Cadudal, chargé d’études à l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), la consommation française calculée par bilan a reculé de l’ordre de 10 % l’an dernier, soit à un rythme plus marqué que ces dernières années, où la baisse s’installait autour de 3 %. En outre, l’offre continue de reculer, avec des baisses de 6 % à 7 % des inséminations artificielles de lapines, des fabrications d’aliments et des abattages. Côté prix à la production, 2017 n’a pas fait de miracle, malgré une hausse de 3,4 % de la cotation nationale du lapin vif dans un contexte d’absence de valorisation des peaux.
Seule note d’embellie, le commerce extérieur, avec un sursaut des exportations et une baisse des importations en volume. Toutefois, en valeur, le bilan se révèle plus terne ; recul des expéditions et reprise des importations.
Penser la production de demain
« Même si elle a des difficultés profondes, la filière a des projets, souligne Dominique Le Cren, il y a une volonté collective et partagée pour le changement. » L’un des grands axes de travail pour ces prochaines années, inscrit d’ailleurs dans le plan de filière, est l’évolution des élevages vers des modes de production alternatifs afin de répondre aux attentes sociétales pour une meilleure prise en compte du bien-être animal.
Un nouveau chapitre s’est ouvert le 13 mars, avec la première réunion du programme de recherche « Living Lab Lapin (LLL) » de l’Inra de Toulouse, cofinancé par le Clipp, informe Dominique Le Cren. Sont rassemblés autour de ce projet pour des élevages innovants, les professionnels, les chercheurs, des associations de consommateurs ou de protection animale, les distributeurs et des groupes de consommateurs qui pourront se rendre dans les stations expérimentales pour observer les évolutions.
Ce programme vient en complément des démarches privées des entreprises et des organisations de production qui pourront s’appuyer sur les points d’étape et des axes de recommandations.
Mieux cerner la consommation
Afin de mener à bien ce travail et ne pas se fourvoyer dans les investissements, la filière souhaite également avoir une meilleure vision qualitative de la consommation. Le Clipp, en lien avec l’Ifop, réalisera prochainement une enquête auprès des Français. Objectif : mieux cerner les consommateurs comme les non-consommateurs de lapin, afin de mettre en évidence les freins à la consommation, qu’ils soient d’usage ou affectifs (praticité des produits, manque de visibilité en rayon, bien-être animal ou statut de l’animal). « Les résultats de cette étude seront très importants pour nous. Si les consommateurs sont encore attachés au lapin, nous aurons un argument pour retourner voir la distribution et leur dire de ne pas diminuer la visibilité des produits », poursuit Dominique Le Cren.