L’abattage découpe veut réagir
Une reprise du commerce est envisageable cette année, notamment à l’export. Si une telle prévision redonne espoir aux professionnels de l’abattage découpe, tous ont conscience des nombreux efforts qu’il faudra fournir pour se refaire une trésorerie.
Si la santé des élevages porcins français reste préoccupante, celle des entreprises d’abattage découpe n’est pas plus rassurante. Les trésoreries se sont dégradées en 2009. La morosité mondiale s’est traduite par une baisse marquée de l’activité. La consommation des ménages a certes oscillé entre maintien et repli en viande fraîche et s’est redressée en charcuterie salaison, mais notre commerce extérieur est resté déprimé
(- 14 % en un an selon le syndicat des industries de la viande Sniv-SNCP). Plusieurs raisons à cela : moins de besoins, aucune restitution à l’exportation malgré une parité euro-dollar défavorable, des problèmes de garanties de paiement, et une pression constante sur les prix de vente.
Il n’est donc pas surprenant que les entreprises de découpe souhaitent rester prudentes. Pas étonnant non plus que les relations entre les différents maillons de la filière soient plus délicates. L’évolution de notre référence nationale en est l’illustration même. Habituellement en hausse jusqu’au printemps, le prix de base 56 TMP est reparti à la baisse la semaine dernière à Plérin. La principale raison à ce repli est le manque à gagner de l’abattage découpe, faute de revalorisation suffisante des prix des pièces sous l’effet de la fin de mois et des vacances scolaires. Une ambiance traditionnelle en cette saison, mais désormais bien moins supportable pour les acheteurs. De plus, le contexte européen, toujours aussi hésitant, et le manque de lisibilité quant à l’orientation du commerce à moyen terme, ne peuvent que conforter les industriels dans leur souhait de réagir rapidement à toute compression de leurs marges.
Une lueur d’espoir et une volonté de réagir
Quelques paramètres laissent toutefois espérer que 2010 ne se placera pas dans la continuité de 2009, en particulier l’export. Depuis novembre, nos expéditions reprennent quelques couleurs. La petite baisse de l’euro face au dollar et la hausse des prix nord-américains expliquent en partie ce regain d’activité. Malgré tout, la situation reste précaire, comme le prouve la soudaine accalmie de nos expéditions en ce début mars. La viande française continue à subir d’importantes distorsions de concurrence. Nos coûts de production sont loin d’être similaires à ceux de nos voisins, sous l’effet de la réglementation nationale, mais aussi d’un coût élevé de la main-d’œuvre (de 20 euros l’heure en France contre 7 euros l’heure dans certains États, selon le Sniv-SNCP). Une concurrence qui ne semble pas pouvoir prendre fin rapidement. Si l’on ajoute à cela un certain automatisme des achats des ménages français et les idées reçues sur la viande porcine, il n’est pas surprenant qu’un travail de fond soit désormais envisagé pour défendre l’origine France, en relançant notamment la marque VPF (Viande porcine française)*. Reste maintenant à savoir si l’essai peut être transformé à tous les maillons de la filière.
* Lire aussi la page 4 de ce numéro.