La gomme d'acacia promise à l'expansion

En 2011, l'Efsa avait refusé à la gomme d'acacia une série d'allégations de santé, allant de « son effet protecteur de la flore intestinale » au « contrôle du cholestérol ». Cela n'empêche pas ses promoteurs de croire à une expansion rapide de son marché mondial. Trois faits majeurs alimentent cette expansion : l'attrait des consommateurs pour les produits naturels et ne nuisant pas à leur santé, le développement de gros pays consommateurs comme l'Inde et la Chine, et depuis décembre 2013, l'ouverture aux États-Unis de débouchés, jusqu'alors proscrits dans cette partie du monde. Étaient concernés les céréales du petit-déjeuner, les snacks, barres céréalières et yaourts.
Aujourd'hui, la gomme d'acacia est principalement utilisée en tant qu'additif – E 414 – dans l'industrie des confiseries (pastilles, chewing gums sans sucre, chocolats qui ne fondent pas dans la main) où elle est utilisée en agent d'enrobage ou en épaississant. Elle est aussi massivement employée dans l'industrie des boissons pour stabiliser les mélanges ou préserver les arômes. Bien d'autres possibilités s'offrent : prolongation des émulsions d'huile dans l'eau, renforcement des biscuits extrudés, amélioration de la texture en boulangerie. Le spécialiste des « hydrocolloïdes » et leader mondial de la gomme d'acacia qu'est Iranex ainsi que le spécialiste de la gomme d'acacia Alland & Robert assurent que cet additif est de plus en plus utilisé dans les boissons, les sauces et les snacks salés ou sucrés. Les aliments riches en fibres, végétariens, sans allergènes, sans gluten ou sans additifs chimiques sont autant de domaines d'expansion pour cette substance multifonction et sans dose limite de consommation journalière.
Alland & Robert n'est pas le plus important des six opérateurs travaillant la gomme d'acacia. Son patron, Frédéric Alland, revendique 22 % du marché mondial. Toutefois, il se positionne comme le plus actif dans la recherche de débouchés nouveaux. La société familiale française a multiplié son chiffre d'affaires par trois ces dernières années (il doit dépasser les 40 millions d'euros en 2016, dont l'essentiel à l'export), et elle s'est lancée il y a trois ans dans un programme de recherche de cinq ans. Elle y consacre 1 million d'euros par an avec le laboratoire IATE (Ingénierie des agropolymères & technologies émergentes) de Montpellier SupAgro. « Une vingtaine de personnes travaillent sur nos gammes, dont quinze à Montpellier et cinq chez nous », précise Frédéric Alland. « Nous cherchons des niches. Dans deux ans, nous proposerons de nouvelles applications », promet-il. Il livre deux pistes : le remplacement des amidons modifiés et de la gélatine, avec l'apport de protéines végétales.
Le Soudan envisage de doubler ses volumes
La « gum belt » du Sahel, qui va du Sénégal à l'Érythrée, semble largement apte à fournir un marché croissant. Les acheteurs mettent en avant l'importance de préserver l'acacia dans la lutte contre la désertification et l'exode rural. S'ils se détournent du Nigeria, peu sûr, ils achètent partout et suivent de près l'ambition du Soudan, déjà largement numéro un, qui envisage de doubler sa production.