La filière tomate dans une impasse
Les dernières semaines de la campagne d’été des fruits et légumes ne ressemblent en rien à des vacances. L’agitation est de mise : jeudi, les producteurs de tomates ont renoncé à demander un prix minimum de 0,85 euro le kilo qui n’était en vigueur que depuis trois jours. Cette mesure qui a eu pour conséquence de gonfler les invendus, a finalement été abandonnée et les producteurs ont abaissé leur prix de vente à 0,50-0,60 euro, en dessous du coût de revient. Confrontés depuis mardi au prix minimum préconisé, les acheteurs ont préféré se passer de tomates quand dans le même temps le prix du marché libre est de 0,30 euro. Pressé par l’administration de négocier avec la distribution un prix minimum, le secteur de la tomate avait affiché des prix correspondants aux recommandations de Nicolas Sarkozy, mais cette tentative s’est vite heurtée aux importations, bien moins chères, ainsi qu’aux propositions de prix cassés faites par des producteurs prêts à brader plutôt que ne pas vendre.
Jeudi, à la sortie d’une réunion regroupant l’administration et l’ensemble des acteurs de la distribution (lire LM d’hier), les producteurs ont averti qu’ils renonceraient à demander un prix minimum si l’Etat n’accordait pas d’aides pour les stocks d’invendus. Si vendredi midi, le ministère de l’Economie ne s’était pas encore prononcé, un début de réponse est venu du ministre délégué au Commerce, qui s’est déclaré contre le principe des prix minimum. Christian Jacob y est opposé, car ils «se transforment souvent en prix maximum» et créent «un appel d’air à des produits d’importation». Il a plutôt préconisé un système de «coefficient multiplicateur», également défendu par la FNSEA, qui vise à fixer le niveau des marges entre le prix d’achat au producteur et le prix final au consommateur. «Cela incite le distributeur, pour faire une marge importante, à acheter plus cher et donc à éviter l’effondrement des cours. Avec Hervé Gaymard, nous regarderons ensemble comment apporter une réponse aux producteurs». Pour tenter de résoudre la crise récurrente, les compétences de 3 ministres ne sauraient être de trop.