La filière fruits et légumes doit jouer plus collectif
L’audit sur la compétitivité de la filière fruits et légumes française demandé par les professionnels a enfin été remis. Après un premier rapport d’étape conduit par Alain Berger, inspecteur général de l’Agriculture, Jean-Claude Faudrin et Pierre Portet, ingénieurs généraux du Gref, le « super-audit » de Jacques Mordant, également ingénieur du Gref, daté du 31 mars dernier a été présenté seulement lundi aux représentants de la filière. Ce rapport reprend en grande partie le précédent et approfondit les volets de l’organisation économique, de la prévention et de la gestion des crises. Hervé Gaymard a demandé à ses services de travailler en concertation avec les représentants des professionnels pour élaborer des propositions concrètes à partir des priorités identifiées dans cet audit. Un rendez-vous a été pris début octobre pour décider de leur mise en œuvre opérationnelle. Du rapport de Jacques Mordant ressort l’idée, déjà largement reconnue, que pour vaincre ses handicaps, la filière française doit savoir mieux s’organiser et travailler de manière collective. A la « concentration de la demande doit répondre une concentration de l’offre », affirme-t-il. Et ce, à tous les niveaux. L’auditeur propose que, parmi les 317 organisations de producteurs de la filière, certaines se regroupent pour commercialiser en commun leurs produits soit en créant des bureaux commerciaux communs soit en travaillant avec des expéditeurs.
Pour l’émergence de structures leaders
Comme dans d’autres états européens, « il est essentiel de faire émerger, pour chaque produit, des structures commerciales leaders qui puissent effectivement peser sur les marchés », souligne le rapport. Pour ce faire, il propose la mise en place de moyens de financement publics ou parapublics souples permettant de faciliter des créations de nouvelles structures ou des fusions d’unités existantes. Jacques Mordant plaide également pour des comités de bassin mieux coordonnés entre eux, via les sections nationales par produit. Il propose en outre, au niveau national, un rapprochement entre l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), transformés (Anifelt) et transformés à destinations multiples (Afidem). Pour la gestion de crise, il est proposé de mettre en place un outil d’observation collectif et structuré sous le pilotage d’Oniflhor. Dans le cadre des propositions que Bruxelles doit faire avant l’été sur la réforme de l’OCM F & L, l’audit encourage la France à demander une possibilité de financement d’outils de suivi des marchés, de publi-promotion de crise, de retrait et distribution gratuite aux populations défavorisées, ou de stockage et transformation de produits excédentaires.