Viande
La filière d'ovins bios fragilisée par la sécheresse
Les résultats de la cinquième année de suivi d’un échantillon de dix élevages d'ovins viande bio dans le Massif central s'affichent en baisse, notamment en raison des sécheresses. Explications.
Le pôle AB Massif central vient de publier les résultats technico-économiques 2018 de dix fermes ovines en bio suivies dans six départements : Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Lozère, Aveyron, Allier et Haute-Vienne. Ce recueil de données s’inscrit dans le cadre du projet Bioréférences élaboré en 2013-2014 pour répondre à la diversité des besoins en références pour accompagner le développement d’élevages ruminants biologiques viables, vivables et en cohérence avec leur territoire et leurs filières/marchés. Les résultats publiés concernent un échantillon suivi sur cinq années et constitué de dix élevages spécialisés d'ovins viande AB en races herbagères et rustiques, cinq en zone herbagère et cinq en zone de montagne.
L’étude rappelle qu’en 2018, la trésorerie des exploitations a pâti de la sécheresse (achats extérieurs de fourrages, concentrés, semences…). Le prix de l’agneau a été soutenu sur le début de l’année, puis a diminué progressivement après Pâques jusqu’en décembre, tandis que le prix de certains approvisionnements est reparti à la hausse (concentrés, paille, semences, carburants…). Les exploitations suivies en bio ont été positionnées par rapport à celles suivies dans le cadre d’Inosys Réseau d’élevage en conventionnel sur la zone Auvergne-Loire-Rhône et Bourgogne par classe typologique (herbagère ou montagne).
Augmentation des charges
Les données présentées montrent des résultats hétérogènes d’une exploitation à l’autre au niveau technique et économique. L’analyse pluriannuelle montre une dégradation des critères techniques de reproduction qui a directement touché les indicateurs économiques (productivité numérique en forte baisse et dégradation de la marge brute par brebis). Les aléas climatiques successifs ces dernières années ont fortement touché ces exploitations misant au maximum sur le pâturage (80 % à 100 % de la SAU en herbe).
Les revenus dégagés en 2018 pour ces exploitations sont confrontés à une stabilité du prix des agneaux, une augmentation des charges alimentaires et une légère progression des autres charges. En comparaison avec les exploitations en conventionnel, les exploitations bios montrent des performances plus basses liées à une désintensification de la production ; une petite plus-value au prix par kilogramme de carcasse (kgc), mais un agneau plus léger et donc un prix par agneau finalement identique.
Un poids des aides important
Autres constats relatifs aux systèmes biologiques : une difficulté à produire des agneaux exclusivement à l’herbe à cause des sécheresses ; une forte économie en consommation de concentrés, mais des dépenses supérieures ramenées au kgc produit ; des annuités moindres par rapport aux conventionnels (9 % du produit brut en AB contre 11 % en conventionnel zone de montagne et 18 % en zone herbagère) ; un poids des aides important par kgc produit (52 % du produit brut en zone herbagère et 70 % en zone montagne) ; une rémunération du travail équivalente en zone de montagne et supérieure en zone herbagère et, enfin, un prix de revient en augmentation ces cinq dernières années et supérieur au prix de vente, quel que soit le système.