La filière cuir croule sous les stocks
Entre une industrie de la viande qui tourne à plein régime et des fabricants confrontés à une demande anémique à cause de la pandémie, la filière du cuir fait face, en France, à un problème critique de stockage des peaux. Pendant le confinement, où la consommation de produits à base de cuir a chuté, les collecteurs de peaux, qui achètent celles-ci aux abattoirs avant de les revendre aux tanneries, « ont continué à faire leur métier, car s'ils avaient arrêté, les abattoirs auraient été engorgés et bloqués », explique à l'AFP Frank Boehly, président du Conseil national du cuir (CNC). « Or, au même moment le marché du cuir s'est effondré », ajoute-t-il. Le CNC organisait hier son deuxième forum pour une gestion responsable du cuir. « Les tanneurs français se sont arrêtés, les clients internationaux aussi et les collecteurs de peaux se sont heurtés à un mur ». « Notre capacité de stockage devient très limitée et nous ne sommes pas équipés pour la destruction, qui n'est pas très écologique », témoigne Denis Cazenave, responsable ovins du Syndicat général des cuirs et peaux (SGCP). Au total, ce sont quelque deux millions de peaux qui étaient en stock début août pour une filière des peaux brutes qui compte une quarantaine d'entreprises de collecte en France et environ 400 salariés, selon les dernières données du SGCP. « Nos entreprises ont encore des capacités de stockage, mais ce n'est pas durable. C'est un très gros motif d'inquiétude » et « l'accumulation des coûts ne peut que se répercuter sur le prix de la viande », selon Mathieu Pecqueur, directeur général de Culture viande.