Lait
La dynamique laitière se poursuit en Chine
Relancée en 2019, la production laitière chinoise devrait poursuivre sa croissance à moyen terme, portée par une demande dynamique que la crise sanitaire pourrait conforter.
Alors qu’elle avait été quasiment stable depuis la crise du lait à la mélamine en 2008, la production laitière chinoise s’est redressée en 2019, progressant à 32 millions de tonnes (+4 %/2018), a indiqué Jean-Marc Chaumet, chef de projet à l’Institut de l’élevage (Idele), lors d’un webinaire consacré au marché mondial des produits laitiers le 27 mai. Ce rebond de la production a été stimulé par une hausse des bénéfices des producteurs laitiers chinois sous l’effet conjugué d’une augmentation des prix à la production et d’une maîtrise des coûts de production. En 2019, le prix du lait en Chine s’est établi en moyenne à 3,65 RMB/kg (0,46 €/kg), soit le plus haut niveau depuis 2014 et une progression de 5,5 % par rapport à 2018.
Une consommation porteuse
Le redressement de la filière laitière chinoise est à relier à une demande dynamique, la consommation de produits laitiers continuant de progresser (+5 %/2018). Si cet élan a été perturbé début 2020 par la propagation du coronavirus en Chine, la tendance haussière de la consommation pourrait être renforcée après la crise sanitaire. Celle-ci a en effet entraîné un changement de consommation favorable aux produits laitiers dont les bénéfices pour la santé sont de plus en plus mis en avant en Chine. Les recommandations nutritionnelles du gouvernement chinois incitent d’ailleurs la population à consommer 300 g d’équivalent lait de produits laitiers par jour, un niveau que seuls 20 % des consommateurs chinois atteindraient pour l’instant. À environ 30 litres d’équivalent lait par habitant et par an, la consommation chinoise reste relativement faible – environ 3 fois moins que la moyenne mondiale – et présente une certaine marge de progression. À la suite du Covid-19, 43 % des consommateurs chinois penseraient augmenter leurs dépenses en produits laitiers, selon les données d’une étude d’Ipsos, rapportées par Christophe Lafougère, directeur du Gira.
Des importations plus modérées après les records de 2019
En plus de tirer la production nationale, le dynamisme de la demande chinoise a entraîné une nouvelle hausse des importations de produits laitiers en 2019, à 10,7 milliards d’euros (hors Hong Kong), soit une augmentation de 17 % par rapport à 2018. Ce sont notamment les importations de poudres maigres et de poudres grasses qui ont progressé, respectivement de 35 % et 29 %. Après ces niveaux records, les achats chinois ont ralenti au premier trimestre 2020. Cette tendance devrait se poursuivre sur le reste de l’année, notamment pour la poudre grasse dont les importations devraient diminuer de 15 % en 2020, selon les estimations du Gira. Les pertes de débouchés du 1er trimestre en Chine (en raison de l’épidémie du Covid-19) se sont traduites par une hausse des surplus. L’augmentation des stocks aurait plus que doublé pour dépasser les 200 000 tonnes.
Les importations de poudres maigres devraient être moins affectées et reculer de 3 % selon les prévisions, tandis que celles de beurre progresseraient, portées par une utilisation domestique croissante chez les ménages chinois.