Irlande : ne pas réactiver les heures sombres
L’Irlande, tournée vers l’exportation, va être particulièrement touchée par le Brexit. « Notre pays exporte 80 % de ses bœufs, agneaux et produits laitiers. Le Royaume-Uni à lui seul achète la moitié de nos bœufs. Nos voisins consomment un tiers de nos produits agricoles et alimentaires. La mise en place de tarifs douaniers en cas de no deal mettrait à mal notre compétitivité. D’un autre côté, sans tarif douanier et sans accord, tous les produits du monde pourront entrer dans le Royaume-Uni et nous balayer parce qu’ils seront moins chers », résume Damien O’Reilly, journaliste irlandais agricole. Les flux entre l’Irlande du Nord et sa voisine sont quotidiens : plus de 30 % du lait traité dans les laiteries d’Irlande vient d’Irlande du Nord, une bonne part des porcs et des volailles produits en Irlande sont abattus en Irlande du Nord et vice versa. Mais l’inquiétude porte aussi sur un tout autre plan. La guerre en Irlande du Nord n’a cessé qu’en 1998 : il y a vingt ans ! Si une frontière « dure » est reconstruite comme le veulent les unionistes d’Irlande du Nord, les catholiques (nationalistes) vont se sentir séparés de leur « pays » et de l’UE. À l’inverse, sans accord et sans frontière, les protestants d’Irlande du Nord, qui représentent l’autre moitié de sa population, vont se sentir séparés de leur pays, le reste de la Grande-Bretagne. Un risque majeur de conflit.