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Distribution
Intermarché mise sur la troisième voie de la HVE

Le distributeur fait figure de pionnier sur la commercialisation de produits issus d’exploitations certifiées HVE, avec deux filières tests : le pain et le vin. Les premiers résultats sont concluants et les ambitions fortes.

« Nous avions fait le constat que la démarche bio dans le vin avait ses limites, et nous voulions répondre aux attentes sociétales, sachant que le vin était régulièrement attaqué sur la présence trop importante de pesticides », ainsi Pierre Scohy, directeur filière boissons/vins d’Agromousquetaires, résume pourquoi Intermarché s’est tourné vers la certification HVE pour le vin dès 2016. Le distributeur consulte ses fournisseurs de différentes régions et s’engage avec un pool de vignerons.

Via l’entreprise vinificatrice J. Hauller et fils, Intermarché identifie ainsi huit vignerons alsaciens sur 64 hectares ayant envie de suivre « cette troisième voie » entre le standard et le bio. « Ils ont réussi à être certifiés HVE niveau 3 avec un an d’avance sur le planning, cela nous a permis de commercialiser, dès 2019, le millésime 2018 », rappelle Pierre Scohy. D’autres régions ont suivi le même chemin, avec des viticulteurs sous contrats pluriannuels et mieux rémunérés. C’est ainsi neuf références de vins de gamme Expert Club qui ont été commercialisées dès avril 2019 avec un habillage très tranchant afin de mettre en avant la certification.

Cela nous a permis d’aller chercher d’autres consommateurs

En dix mois, Intermarché a ainsi vendu 600 000 bouteilles arborant la mention HVE. « Moi-même, j’ai été un peu surpris du bon résultat des ventes. En fait, cela nous a permis d’aller chercher d’autres consommateurs », se réjouit Pierre Scohy. Pour cette saison, Intermarché étend le nombre de références HVE à trente, et va tripler les volumes en 2020. « De nouvelles appellations font leur entrée comme le gaillac », souligne le directeur filière vins d’Agromousquetaires.

Et le distributeur ne compte pas s’arrêter là. L’objectif : « on a l’ambition d’avoir un jour, en 2025 j’espère, 100 % de nos références Expert Club en HVE », avance Pierre Scohy. Soit 150 références pour 24 millions de bouteilles. Le distributeur envisage des animations, de la promotion et des stops rayons pour démocratiser la HVE auprès du consommateur. Et, en parallèle, Intermarché avance sur son autre filière test en HVE : le pain.

Après La Dauphinoise et La Tricherie, des contacts avec Scara et Ynovae

« Nous étions déjà dans le GIE CRC, la certification HVE nous est rapidement apparue comme une démarche différenciante, complémentaire du bio », complète Olivier Dumont, directeur filière boulangerie/pâtisserie d’Agromousquetaires. « Début 2017, on s’est mis en groupe de travail sur la HVE, pour activer l’expérimentation courant 2018 », rappelle-t-il. Intermarché part avec deux coopératives, La Dauphinoise (Isère) et La Tricherie (Vienne), déjà fortement sensibilisées à la gestion raisonnée des cultures, et trois moulins.

Dès avril 2019, les premières références élaborées selon les critères HVE sont commercialisées : une baguette, un pain et un pavé. Au second semestre, la gamme est élargie avec trois nouvelles références (une baguette et un pavé au lin, labellisés également Bleu-Blanc-Cœur, et un pain complet). « On réfléchit à étendre la HVE vers le cœur de rayon, et on souhaiterait que l’ensemble de la marque La Campanière passe sous certification HVE d’ici à 2025 », confie Olivier Dumont.

En 2019, Intermarché a ainsi commercialisé l’équivalent de 5 500 tonnes de blé provenant d’exploitations certifiées HVE, en 2020 le volume passera à 6 000 tonnes, avant une accélération programmée en 2021. Le cap visé en 2025 : 25 000 tonnes. Pour passer à la vitesse supérieure, Agromousquetaires s’est rapproché de deux coopératives du nord de la Loire, Scara et Ynovae, et de deux boulangeries industrielles. Les céréaliers sont partants avec un prix fixe garanti de 200 euros la tonne sur trois ans.

Le différentiel de prix avec le marché ne se retrouve pas sur le produit final, Intermarché cherchant à réduire au maximum l’incidence des coûts sur le consommateur.

« La HVE est très peu adaptée aux filières animales »

« La HVE est une démarche de progrès qui permet à nos partenaires d’avancer dans le temps », se félicite Christophe Bonno, directeur des relations institutionnelles agricoles pour Les Mousquetaires. Au-delà des deux filières tests, il explique qu’Intermarché déploie la HVE dans les fruits (pommes, pêches, poires…) et les légumes transformés. Intermarché souhaiterait aussi voir la démarche s’appliquer aux productions animales. « La HVE est très peu adaptée aux filières animales, on voudrait des passerelles, une évolution du référentiel pour ces filières », confie-t-il.

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