« Il faut convaincre les entreprises de saisir les médiateurs internes »

Les Marchés Hebdo : Les distributeurs vont engager les négociations commerciales pour 2017. Quel rôle peut jouer la médiation commerciale ?
Francis Amand : La médiation des relations commerciales agricoles et alimentaires n’est pas intervenue très souvent dans la conclusion de contrats, mais beaucoup lors des différends sur des contrats déjà conclus. Nous avons mis en place il y a un an et demi des médiateurs internes aux distributeurs, qui sont des salariés de ces entreprises à haut niveau, qui ont du poids auprès des commerciaux. Ils sont signataires de notre charte, intervenant selon notre modèle. Leur but est d’essayer d’accorder les parties sans intervenir sur la négociation commerciale. Nous les contrôlons, les coordonnons et pouvons servir d’instance d’appel. Il faut que cette médiation en interne gagne en importance.
LMH : Que déduire des expériences de la médiation de ces dernières années ?
F. A. : Le médiateur peut trouver des équilibres globaux dans une filière, mais sans contrevenir au droit de la concurrence. C’est ce qu’on a fait en 2014 et 2015 dans la filière laitière. Bruxelles invite à la prudence en matière d’accord de filières. En outre, tout opérateur reste libre de suivre ou non le compromis que nous avons aidé à trouver. Aucun acheteur ne veut acheter plus cher que ses concurrents. Un accord n’empêche pas les francs-tireurs. Dans le lait, il y a un échelon transparent, c’est celui des éleveurs. Mais il y avait peu d’informations sur les échelons intermédiaires. Nous avons aidé à éclaircir ces niveaux, fait un effort de lisibilité. Il y a eu un accord sur les conditions techniques d’évaluation de la rémunération des éleveurs. Il n’y a pas à revenir dessus. Nous sommes aussi intervenus dans le saumon au début de 2016, dans les pâtes il y a deux ans. Nous mettons un peu d’intelligence économique dans les rapports commerciaux. Pendant l’été 2015, la médiation a convaincu les distributeurs de l’intérêt de maintenir en place Saint Mamet ses arboriculteurs.
LMH : Combien de recours à la médiation interne aux distributeurs ont-ils eu lieu, et comment allez-vous encourager les entreprises à le faire ?
F. A. : Il y en a eu moins de quarante. Mais un dernier médiateur interne des relations commerciales a été nommé en début d’année (celui de Casino, ndlr), ce qui va augmenter le nombre. Il faut convaincre les entreprises de saisir les médiateurs internes. Nous devions organiser un séminaire avec l’Ania, réunissant tous les médiateurs internes. Il n’a pas eu lieu, mais nous en organiserons un, c’est sûr.