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Ovosexage : que vont devenir les poussins mâles en 2023 ?

Si la grande majorité des poules pondeuses seront issues d’ovosexage (détermination du sexe dans l’œuf) l’an prochain, une partie des poules sera fournie par des couvoirs vouant les poussins mâles à l’alimentation animale. Mais quelle alimentation animale ? Là est la question.

Des poussins d'un jour surgelés sur le site commercial d'un fournisseur d'aliments pour parcs animaliers.
© Capture d'écran du site de St-Laurent

C’est une révolution dans la filière française de l’œuf : à compter du 1er janvier prochain, les poules pondeuses seront fournies par des couvoirs où le sexe sera déterminé dans l’œuf, par ovosexage. Cette technique a un coût supplémentaire pour l’œuf de consommation. Ce coût sera supporté par le commerce de détail, selon un accord interprofessionnel de filière. Mais ce surcoût ne sera pas supporté par les industriels qui transforment les œufs en ovoproduits (et qui transforment essentiellement les œufs de poules trop gros pour la consommation). Il y aura une exception : l’ovosexage ne sera pas obligatoire quand il sera impraticable sur certaines souches de poules. Des couvoirs resteront donc contraints d’éliminer des poussins mâles. Mais ils devront se mettre en conformité d’un arrêté paru début décembre : les poussins mâles ne seront abattus que par gazage (la méthode courante est une atmosphère saturée en CO2) et serviront obligatoirement à l’alimentation animale.

Arrêt définitif du broyage

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (Masa) a répondu à quelques demandes de précisions sur le devenir des poussins mâles. « Les poussins qui sont actuellement éliminés par broyage sont envoyés vers l’équarrissage », précise le Masa. Le broyage, qui reste pratiqué à petite échelle, sera aboli en 2023 du fait de l’ovosexage et de l’obligation de gazage pour les poussins mâles restants.

Des débouchés suffisants ?

Vers quels types d’alimentation animale les poussins mâles pourront-ils aller ? Le Masa écarte la fabrication d’aliments pour animaux de compagnie (ou pet food). En effet, la fédération Facco de ces fabricants informe que les matières premières proviennent uniquement de carcasses jugées aptes à la consommation humaine au contrôle vétérinaire. Selon le Masa, cette pratique n’évoluera pas. « Les poussins mâles éliminés par voie gazeuse seront envoyés vers les zoos », précise le Masa. Il reste à savoir si le débouché des parcs animaliers sera suffisant pour un total estimé de 8 millions de poussins d’un jour qui resteront produits annuellement. Un couvoir de petite taille que nous avons joint se dit bien en peine de devoir trouver un débouché en alimentation animale, ayant eu recours jusqu’alors à l’équarrissage. « Tous les couvoirs, quelle que soit leur taille, devront se mettre en conformité avec la réglementation », confirme le Masa.

L’attente d’une harmonisation européenne

La branche française de l’ONG de défense animale CIWF craint que le débouché du pet food ne fasse « appel d’air » en faveur de la dispense d’ovosexage. Deux raisons invoquées : les souches de poules non-ovosexées (en fait des poules blanches qui pondent des œufs blancs), coûtent moins cher à élever, et par ailleurs « le débouché de l’alimentation animale est infini », selon un communiqué de CIWF France. La perspective du Masa est contraire : « Les réflexions doivent se poursuivre au niveau européen pour harmoniser les pratiques et diminuer progressivement le nombre de poussins restant éliminés par gazage », a-t-il répondu.

Elever les mâles des poules pondeuses ?

CIWF France préconise une autre solution à long terme : l’émergence de souches dites « duales », donnant à la fois des poules pondeuses et des mâles aptes à être élevés et consommés. C’est cette solution qu’a choisie l’Allemagne. Néanmoins les « frères », ainsi appelés en rayons outre-Rhin, se vendent mal car les consommateurs sont récalcitrants à payer davantage un poulet de moins bonne qualité (goût et conformation) que la référence standard, et la filière est en difficulté.

 

 

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