Île-de-France
« Enclencher un cercle vertueux pour relocaliser la production »
Frédéric Descrozaille, député LREM du Val-de-Marne, a coorganisé le 19 octobre à Rungis avec Interfel et Restau’co une rencontre entre agriculteurs et acheteurs franciliens afin de réunir les conditions de la relocalisation de production de produits frais alimentaires.

Les Marchés Hebdo : Qu’est-ce qui vous a conduit à coorganiser la journée « L’Île-de-France dans nos assiettes » le 19 octobre à Rungis ?
Frédéric Descrozaille : L’idée est venue après une journée sur les états généraux organisée à Rungis il y a un an. Avec Laurent Grandin, président du comité RHD d’Interfel, et Éric Lepêcheur, président de Restau’co, on s’est dit qu’il fallait mettre en relation producteurs et acheteurs. Cela ne sert à rien de mettre la pression sur les agriculteurs, si on ne met pas les filières en place. Et on voulait organiser cela à Rungis pour couper court à toute velléité de nouvelles plateformes en Île-de-France, qui risqueraient de vite devenir un cauchemar logistique. Quatre-vingts producteurs se sont inscrits à ce mini-salon complété de témoignages et d’ateliers (autour du maraîchage, des , de l’arboriculture et de l’élevage). En face d’eux, ils ont eu des grossistes, des restaurateurs (membres du SNRC et de Restau’co) et des distributeurs. L’idée de ces rencontres est d’enclencher un cercle vertueux avec des engagements contractuels afin d’aider les producteurs à se diversifier.
LMH : Qu’attendiez-vous de cette rencontre ?
F. D. : Qu’elle lance un mouvement. Nous ferons ensuite un point chaque année. À l’issue de la réunion, je vais intervenir auprès de la préfecture de Région pour voir quels moyens peuvent être mis en œuvre pour cette relocalisation de la production. Les céréaliers auront peut-être besoin de main-d’œuvre, d’investir dans du matériel ou de se regrouper pour investir dans une station de conditionnement de . Il faudra les mettre en contact avec Pôle Emploi, qu’ils se regroupent pour l’investissement capitalistique et créer des synergies au niveau des acteurs. L’idée est aussi de proposer à d’autres Régions d’enclencher le même mouvement.
LMH : Ne pensez-vous pas qu’il faille aussi mobiliser des moyens financiers ?
F. D. : J’ai été sollicité pour porter des amendements visant à soutenir les municipalités à hauteur de 330 millions d’euros pour accompagner la mise en place des objectifs définis par la loi Alimentation. J’ai dit non. Cela va créer de la complexité. Nous avons suffisamment de ressources publiques que l’on doit mobiliser en mode projet. Ce n’est pas la peine de voter de nouvelles lignes de budget.
12 millions de consommateurs solvables
LMH : La relocalisation de la production en Île-de-France nécessitera bien des fonds ?
F. D. : En Île-de-France, nous avons 12 millions de consommateurs solvables. J’ai affirmé le 19 octobre que l’alimentation va coûter un peu plus cher dans les années qui viennent. On parle de 15 centimes d’euro par repas, c’est absorbable. Mais à condition que l’on forme le personnel. Aujourd’hui, on consomme 52 000 tonnes de carottes en Île-de-France pour 2 500 tonnes produites. Une station de conditionnement coûterait dans les 2,5 millions d’euros. Trois céréaliers pourraient se grouper pour investir, à condition d’avoir des engagements contractuels en face. Je suis persuadé qu’il y a un marché.
Porteur du projet « Repas à l’hôpital »
S’appuyant sur l’avis no 78 Alimentation en milieu hospitalier du CNA, le député Frédéric Descrozaille est aussi porteur du projet « Repas à l’hôpital », avec Restau’co et Interfel. « Un appel à candidatures va être lancé : il sélectionnera trois établissements hospitaliers (un à Paris, deux en Province, ndlr) qui vont expérimenter pendant 12 à 15 mois une revalorisation de l’alimentation à l’hôpital tout en réduisant le gaspillage », explique le député. « Les trois ministères – agriculture, santé et environnement – devraient annoncer le lancement du projet en début d’année 2019 », explique-t-il. Un audit sera ensuite réalisé en vue de généraliser l’expérience.