Emballage plastique : comment s’adapter à la loi Agec ?
La loi Agec promet de chasser le plastique à usage unique. Des alternatives existent, mais restent pour l’instant plus onéreuses, nécessitant l’engagement de tous les maillons de la chaîne.
Après des années Covid qui ont fortement perturbé le marché de l’emballage plastique, celui-ci s’est redressé début 2022, mais n’a jamais retrouvé une situation similaire à l’avant-pandémie. Les difficultés liées au lent redémarrage des fabricants européens ont provoqué un manque de volumes sur le Vieux Continent et, donc, une hausse des prix. Avec la guerre en Ukraine et l’inflation, ces prix ont continué à augmenter. « Entre janvier 2022 et janvier 2023, les prix des emballages plastique ont augmenté de 30 à 40 % », témoigne Frédéric Oriol, directeur général de Daunat.
En France, la loi Agec bouscule le marché de l’emballage et lance de nouvelles tendances. « Il y a des obligations légales à trouver des alternatives au plastique à usage unique d’ici à 2040 », rappelle Christophe Furet, responsable de la communication de DS Smith France. Mais certaines entreprises éprouvent des difficultés pour lancer leur transition. « Beaucoup sont attentistes, le temps que des solutions émergent. Ça se comprend, car les sommes engagées sont telles que ça peut faire de gros dégâts en cas de fausse route », explique Benoît Hebert, codirigeant du groupe d’emballage Hebert.
L’emballage carton
« Nous sommes de plus en plus sollicités », indique Christophe Furet. La demande d’emballage en carton en substitution du plastique et pour le commerce en ligne augmente de 10 % par an, mais pour un volume total qui reste assez faible. DS Smith a augmenté ses moyens en matière d’innovation pour travailler à l’optimisation de ses matériaux quant aux propriétés de barrière à l’eau, aux UV, au contact alimentaire. « Nous allons inaugurer en 2023 un nouveau centre de R & D en Angleterre où nous allons centrer nos travaux d’innovation », complète-t-il.
Du sur-mesure
Dans un marché où l’emballage plastique est standardisé, le choix de l’emballage sur-mesure permet une optimisation du contenant et une limitation du gaspillage. « Il y a une hausse de la demande, commente Benoît Hebert. Nous menons une politique d’extension continue et sommes prêts à accepter de nouvelles demandes. » Le groupe Hebert travaille sur des plastiques monomatériaux et donc recyclables. « Nous travaillons sur des technologies d’hybridation entre plastique vierge et plastique recyclé », complète-t-il.
Se découpler du pétrole
L’utilisation de résine de plastique recyclée ou de résine de plastique végétale permet de se découpler du pétrole, une voie intéressante pour le long terme. « L’Europe s’engage sur la décarbonation des transports. Si elle réduit de 80 % sa consommation de pétrole, la fabrication de plastique vierge diminuera », souligne Benoît Hebert. Les transports européens consomment environ 45 % du pétrole, contre 6 % pour les emballages en plastique. Les résines végétales ou recyclées affichent des prix supérieurs aux résines vierges, représentant un frein à leur utilisation. « Nous avons besoin de l’engagement de nos clients pour nous donner de la visibilité », appelle-t-il.
La pulpe sèche : une voie d’avenir
La pulpe humide est déjà utilisée pour fabriquer des boîtes d’œufs, mais demande beaucoup d’eau. L’utilisation de pulpe sèche, sur laquelle travaille le suédois Pulpac, permet la fabrication de contenants sans recourir à l’eau. « Niveau RSE, c’est plus poussé que le plastique ou le carton. Nous espérons collaborer avec eux et commercialiser des premiers produits d’ici quelques années », ambitionne Benoît Hebert.
Les acteurs de l’agroalimentaire optant pour une évolution des contenants « seront amenés à modifier leur chaîne de mécanisation. L’opération est coûteuse, mais amène 10 à 20 % de chiffre d’affaires en plus grâce à une meilleure image », selon Christophe Furet.