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Egalim : « il est évident qu’on ne peut traiter PME et ETI comme les grands groupes »

Les négociations commerciales vont débuter au 1er décembre, dans un cadre juridique stable, mais extrêmement lourd à gérer pour les PME et ETI. Léonard Prunier, président de la Feef, revient pour Les Marchés sur les enjeux des lois Egalim et appelle une nouvelle fois à un choc de simplification.

Léonard Prunier, président de la Feef.
Léonard Prunier, président de la Feef.
© Feef

Les Marchés : Les négociations commerciales vont démarrer au 1er décembre, comment est l’ambiance ?

Léonard Prunier : Cette année, nous sommes dans un cadre juridique stable, avec une date butoir au 1er mars, contrairement au délai raccourci l’an dernier. Les négociations commerciales dureront donc de nouveau trois mois… Trois mois, ça peut être long quand on n’est pas d’accord. 

 Et quel temps perdu, que nous pourrions consacrer à l’innovation !

Et quel temps perdu, que nous pourrions consacrer à l’innovation, au développement de produits adaptés aux besoins de nos clients.

Lire aussi : Egalim 4 : les 5 propositions des députés en charge de l’évaluation de la loi

De plus le contexte est très compliqué pour les PME et ETI. De la récente étude menée par la Banque de France pour la Feef, on peut retenir qu’un tiers de nos adhérents sont déficitaires ! Or 78 % de l’approvisionnement en matière première agricole (MPA) des PME et ETI est d’origine française, et 43 % de cette MPA est sous Siqo ou label. La protection du monde agricole doit passer par la protection de notre tissu de PME et ETI.

L.M. : Ce que la loi Egalim ne permet pas ? 

L.P. : La loi Egalim ne fonctionne pas pour nos entreprises, elle est vraiment trop complexe. Il faut un avocat pour les négociations, pour les PME ce n’est pas tenable ! Ce système semble marcher pour les multinationales et permettre des avancées pour les agriculteurs, très bien, mais sortons les PME et ETI du dispositif !

 Il faut un avocat pour les négociations, pour les PME ce n’est pas tenable !

L.M. : Vous en appelez à un nouvel Egalim qui ne concernerait pas les entreprises réalisant moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires...

L.P. : Oui. En dessous d’un chiffre d’affaires, à l’international, de 350 millions d’euros, il faut un autre système, plus simple. Nous proposons un tarif de vente sanctuarisé, à la même date, pour toutes les enseignes. Pas de formules de calcul et d’indice de prix opaques et complexes à négocier, non, on doit pouvoir réajuster nos tarifs en cas de besoin, avec souplesse et confiance. Lorsque, l’an dernier, nous avons monté les salaires de 6 %, rien n’était sanctuarisé de notre côté. 

Lire aussi : « On ne s’en sort plus ! » le cri d’alarme des PME et ETI face aux complexités d’Egalim

L.M. : Ce qui pourrait alors faire monter les prix ?

L.P. : Il faut comprendre que nous avons besoin de vendre nos produits ! Qui plus est, contrairement aux grands groupes qui ont une force de frappe et des marques puissantes, nos produits, eux, sont substituables, c’est pour ça que nous devons avoir le meilleur positionnement possible. Le système français est extrêmement complexe, revenons à un cadre plus simple, avec moins de détails, comme ce qu’il se passe en Espagne, en Belgique et aux États-Unis. 

Pas de formules de calcul et d’indice de prix opaques et complexes à négocier, non, on doit pouvoir réajuster nos tarifs

L.M. : Avez-vous l’impression d’être entendu ?

L.P. : Notre demande de choc de simplification commence à avoir une écoute attentive des politiques car c’est évident que la situation est urgente. Nous avons bon espoir de voir les choses évoluer, il en va de la santé de nos entreprises.

On a mis en place des choses complexes qui ne marchent pas

 On a mis en place des choses complexes qui ne marchent pas, il est évident qu’on ne peut traiter PME et ETI comme les grands groupes. Le système actuel est trop coûteux, nous ne pouvons pas nous le permettre avec nos marges réduites. Nous ne pouvons plus investir, or investir est essentiel pour retrouver de la compétitivité, et faire baisser les prix. 

Lire aussi : Négociations commerciales : la sanctuarisation de la matière première agricole « incertaine »

L.M. : Quelle est l’ambiance avec la restructuration du paysage commercial, avec les rachats de magasins Casino, la nouvelle centrale d’achat Aura Retail ?

L.P. : On a rarement eu un paysage de la distribution aussi bouleversé. Casino était un distributeur engagé auprès des PME, qui l’ont d’ailleurs soutenu en continuant de livrer malgré les risques sur les paiements. Cette bascule vers d’autres enseignes a un impact très fort pour nos entreprises. Mais les distributeurs sont conscients de notre importance, puisque nous constituons 44 % de leur chiffre d’affaires, que ce soit via nos produits ou via les MDD que nous fabriquons. 

Je pense qu’on ne se rend pas compte du changement colossal qui a lieu dans la distribution en France, et qui n’est peut-être pas fini. 

Pour l’heure, nous sommes dans l’attente des échanges avec la nouvelle centrale Aura Retail entre Auchan et Intermarché, la Feef est présente et peut alerter si des adhérents sont en difficulté. Je pense qu’on ne se rend pas compte du changement colossal qui a lieu dans la distribution en France, et qui n’est peut-être pas fini. 

Lire aussi : Les centrales d’achat à l’étranger, point faible d’Egalim 3

 

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