#EG Alim : Un mois pour concevoir des prix agricoles justes
Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a lancé ce lundi 28 août les ateliers des états généraux de l’alimentation. « Nous nous engageons dans une réforme sans précédent de l’agriculture française, qui vise à permettre aux agriculteurs, quel que soit leur modèle de production, de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes et d’assurer la pleine prise en compte par l’agriculture des enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Alors que cette rentrée s’annonce tendue pour le gouvernement, il a tenu à ajouter « cette réforme va prendre du temps, susciter inquiétudes et résistances, elle sera peut-être critiquée, aussi, par ceux qui trouveront qu’elle n’est pas assez rapide ». Pourtant le ministre compte aller vite, tout du moins pour le premier chantier consacré à la création et à la répartition de la valeur.
Quatre réunions en septembre
« Son calendrier est très serré pour être intégré dans les négociations commerciales 2018 », souligne le ministre. Le chantier compte sept ateliers dont celui de rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs (atelier 5, ouvert le 29 août) et améliorer les relations commerciales et contractuelles entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs (atelier 7, lancé le 31 août). Ces ateliers devraient se réunir quatre fois au cours du mois de septembre et pourront se poursuivre en octobre si des propositions claires n’émergent pas. Puis le gouvernement arbitrera.
Emmanuel Macron annoncera les mesures
Le président, Emmanuel Macron, devrait lui-même présenter les mesures qui seront retenues par le gouvernement à l’issue du mois et demi de travail des ateliers, souligne-t-on au ministère de l’Agriculture. Une intervention qui pourrait avoir lieu autour du 11 octobre. Comment faire pour que ces mesures s’appliquent dès les négociations commerciales 2018 qui débuteront quelques jours plus tard ? « Ces propositions ne seront pas forcément législatives, elles pourront être réglementaires ou se faire par ordonnance », a d’ores et déjà prévenu Stéphane Travert.
Olivier Allain nommé coordinateur
Le gouvernement n’envisage pas que ces chantiers n’aboutissent pas : « il ne peut pas ne rien se passer, nous devons nous entendre, chacun devra prendre ses responsabilités », a assuré le ministre devant la presse. Beaucoup de responsables professionnels ont postulé pour participer aux ateliers, et seuls 60 à 70 d’entre eux ont été retenus pour chaque atelier.
Pour les discussions officieuses avec ceux qui n’auraient pas la chance d’assister aux ateliers, et assurer une cohérence aux travaux de synthèse, un coordinateur national des états généraux de l’alimentation a été nommé. Il s’agit d’Olivier Allain, ancien conseiller à l’Agriculture d’Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle, par ailleurs agriculteur et vice-président à l’agriculteur du conseil régional de Bretagne. « Je vais participer à tous les ateliers. Il y a une très forte attente des agriculteurs sur le prix payé aux producteurs », a-t-il lancé, précisant qu’il allait concentrer ses efforts là-dessus, « en essayant d’y mettre du pragmatisme ». Et de souligner que 100 000 exploitations laitières et bovines en France sont aujourd’hui en difficulté.
Il suivra particulièrement l’atelier 5, dont l’annonce de la coprésidence par François Eyraud, directeur général de produits frais Danone, et Serge Papin, président-directeur général de Système U, s’était attiré les foudres de la Coordination rurale et de la Fédération nationale des producteurs laitiers, début août. Atelier dont la première réunion le 29 août, toute la journée, a été introduite par un point presse de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint, pour rappeler « les attentes du monde agricole ».
Le syndicat agricole a symboliquement distribué aux participants de l’atelier des produits alimentaires pour rappeler le lien entre consommateurs et agriculteurs à la source de leur alimentation.
Nous devrons poser des filets de sécurité
Le deuxième chantier consacré à « une alimentation saine, durable et accessible à tous » doit démarrer début octobre et s’achever fin novembre.
Les propositions qui émergeront des états généraux pourront, pour certaines, nourrir la position que la France tiendra dans les négociations qui vont s’ouvrir pour refondation de la future Pac, sachant que les scénarios de la Commission seront connus en 2018. « Je ne donne pas déjà des solutions, mais nous devrons sûrement poser des filets de sécurité au niveau européen », a commenté Stéphane Travert, le 28 août.