[Edito] Vers la fin d’une forme de lobbying ?
Deux groupes se sont retrouvés la semaine dernière dans la tourmente, tous deux suite aux révélations du journal Le Monde. Coca-Cola d’abord qui aurait dépensé 8 M€ en France pour influencer des professionnels de santé et des chercheurs mais aussi pour sponsoriser des évènements sportifs et ainsi « détourner l’attention des effets des sodas et autres boissons sucrées sur la santé », selon le quotidien. L’autre affaire est celle d’un possible fichage par Monsanto de centaines de personnalités et médias en fonction de leur position sur les pesticides, leur niveau de soutien à Monsanto, leurs loisirs, leurs adresses et numéros de téléphones. Ce tableau excel mettrait en lumière 74 « cibles prioritaires », divisées en quatre groupes : les « alliés », les « potentiels alliés à recruter », « les personnalités à éduquer » et celles « à surveiller ». Choquant ? Ce genre de pratique relevant de l’Intelligence économique n’est pas rare. Est-elle pour autant légale ? La Parquet de Paris a ouvert vendredi 10 mai une enquête préliminaire à la suite de la plainte déposée par le journal Le Monde et un de ses journalistes qui figurait dans les fichiers incriminés. Les investigations visent les délits de « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite », « enregistrement de données à caractère personnel sensible sans l'accord de l'intéressé et transfert illicite de données à caractère personnel » et de « traitement automatisé de données personnelles sans déclaration préalable à la Cnil ». Le groupe allemand Bayer a présenté dimanche ses excuses pour le compte de sa filiale Monsanto : « ce n'est pas la manière avec laquelle Bayer chercherait à dialoguer avec les différents groupes d'intérêt et la société », affirmant « ne tolérer aucun agissement qui soit contraire à l'éthique ». L’éthique, c’est bien là le problème. En 2019, les entreprises doivent montrer qu’elles en ont et agir en ce sens. Danone l’a par exemple très bien compris. Avec tout récemment l’abandon par Emmanuel Faber de sa retraite chapeau et l’ouverture de sa collection de souches de ferments lactiques, le groupe marque des points.