[Edito] Le mirage de la démocratie directe
Que se passerait-il si l’on demandait aujourd’hui aux Français par référendum s’ils voulaient sortir de l’Europe ? À quoi cela sert-il de se poser la question, me direz-vous ? Pourquoi échafauder des scénarios fictifs quand la situation réelle est déjà bien assez compliquée ? Parce que s’interroger, se projeter, envisager différentes hypothèses peut éviter bien des écueils, non ? À l’heure où commence le grand débat national sous la pression toujours forte des gilets jaunes, et où la demande d’une démocratie plus participative se fait insistante, regarder de l’autre côté de la Manche semble aussi primordial. Les Britanniques revoteraient-ils « oui » à la question de la sortie de l’Europe si on leur posait la question aujourd’hui ? Avaient-ils bien compris à l’époque l’enjeu d’une telle décision en termes politiques mais surtout économiques ? Rien que les IAA écossaises estiment qu’un Brexit dur pourrait leur coûter 2,26 milliards d’euros de pertes par an. Les Britanniques, eux, devraient indéniablement voir le prix de leur alimentation fortement augmenter. L’Irlande, très dépendante du Royaume-Uni, devrait quant à elle, si l’absence d’un accord à court terme se confirmait, réclamer à l’Union européenne plusieurs millions d’euros pour soutenir ses filières viande bovine, produits laitiers et pêche. Et la liste des conséquences est longue. Les chambres d’agriculture estiment qu’un Brexit dur pourrait coûter 500 M€ aux IAA françaises… Imaginons quel pourrait être le coût pour l’agroalimentaire français, ou pour l’économie de notre pays de manière plus générale, d’un désengagement partiel ou total de notre pays de l’Europe, décidé par un référendum. Sans parler de la déstabilisation politique, des conséquences sociales… Le mieux peut être l’ennemi du bien. Le référendum sur des questions aussi complexes et propices à la démagogie, que les politiques européennes, peut apparaître comme un cruel mirage.