Traversée de la Manche
Des adaptations logistiques à faire en urgence
Du côté français, on se prépare à des flux supplémentaires de marchandises britanniques à dédouaner ou arrivant directement d’Irlande. Les conditions logistiques des exportations, côté britannique, restent obscures. Petit état des lieux.
Du côté français, on se prépare à des flux supplémentaires de marchandises britanniques à dédouaner ou arrivant directement d’Irlande. Les conditions logistiques des exportations, côté britannique, restent obscures. Petit état des lieux.
Le rétablissement de contrôles aux frontières et de dédouanements entre le Royaume-Uni et l’Union européenne au 30 mars, en cas de Brexit dur, va bouleverser les circuits logistiques de part et d’autre de la Manche. Deux ordonnances gouvernementales répondent à cette urgence sur le plan logistique. L’une, publiée le 24 janvier, vise à réaliser au plus vite les infrastructures nécessaires. Un décret du ministère de la Transition écologique publié le même jour assouplit temporairement le code de la commande publique. Il prévoit « des adaptations et des dérogations pour la délivrance, dans des délais réduits, de l’autorisation environnementale pour les projets directement liés au rétablissement des contrôles des marchandises et des passagers à destination ou en provenance du Royaume-Uni », énonce la notice. La seconde ordonnance doit permettre aux entreprises établies au Royaume-Uni de continuer à réaliser en France des opérations de transport routier.
Soget développe Easy Brexit
Le gouvernement prévoit aussi un plan d’investissement et d’organisation de 50 millions d’euros pour les ports et aéroports français et le recrutement de 580 douaniers, contrôleurs vétérinaires ou agents de l’État (effectif inscrit dans la loi de Finances 2019). Des services d’inspection vétérinaire et phytosanitaire (Sivep) des marchandises importées vont se renforcer à Dunkerque, éventuellement à Calais, au Havre ainsi qu’à Cherbourg. Un Sivep va ouvrir à Boulogne-Capécure pour contrôler les produits de la pêche britannique à transformer. Ceux de Caen-Ouistreham et Dieppe seraient déportés à 3 km dans les terres.
La société Soget, spécialiste des systèmes d’information portuaires, compte appliquer sa solution Easy Brexit à tout type de transport et de marchandise afin d’anticiper les traitements documentaires et limiter les contrôles physiques.
Investissements côtiers
Une partie des flux venant d’Irlande ne transitera plus par l’Angleterre. Les ports des Hauts-de-France défendent avec les pouvoirs publics français leurs projets de développement alors que la Commission européenne table a priori sur l’augmentation du trafic en Belgique et aux Pays-Bas. La CCI des Hauts-de-France met tout en œuvre pour assurer la meilleure fluidité possible à Calais, à la sortie d’Eurotunnel et à Boulogne-sur-Mer.
Les ports des Hauts-de-France et de Normandie espèrent récupérer une partie des flux. Brittany Ferries doit passer de 7 à 10 rotations le 30 mars à Cherbourg et augmenter de 50 % son fret joignant l’Angleterre au Havre, Cherbourg et Roscoff. Le Havre (Haropa) aménage son terminal pour ferries. Ports normands Associés (Caen-Ouistreham, Cherbourg, Dieppe) prévoit 20 à 30 millions d’investissement en trois ans.
Dans le sens des exportations vers l’Angleterre, les perspectives à court terme sont moins optimistes. Une étude de l’Imperial College London pour la BBC laisse présager de forts ralentissements à la sortie du port de Douvres et d’Eurotunnel. Les observateurs envisagent l’allégement des contrôles douaniers.