Dans la tête ou dans l’assiette
Pour quelles raisons les Français achètent-ils moins de viande ? Est-ce pour des questions éthiques ? Ou bien en raison de la médiocre qualité des produits commercialisés en France ? Cette intéressante controverse a animé les débats du récent congrès des entreprises de commerce de bétail et de viande, à Dijon. Les professionnels avaient choisi de donner la parole à un observateur ingénu, le présentateur des émissions économiques de TF1 Jean-Marc Sylvestre. Pour le journaliste de télévision, pas de doute : les Français sont sensibles à la médiatisation des attaques contre l’élevage et la viande. Pour preuve, l’idée d’un « jour sans viande » lancée la semaine dernière par Paul McCartney (à qui quelqu’un aurait pu signaler que la culture occidentale en retenait déjà un, et que c’était le vendredi). Ou encore le documentaire Home, dont les images peu ragoûtantes d’immenses feed-lots américains entendent dénoncer le rôle néfaste de l’élevage sur l’environnement. Mais si on peut accuser le film de Yann Arthus-Bertrand d’avoir influencé les résultats des élections européennes, on peut difficilement le tenir pour responsable d’une tendance structurelle de consommation qui remonte à de longues années. Quant à la petite musique de l’ancien Beatles, il est permis de douter qu’elle émeuve encore les estomacs. Laurent Spanghero a balayé d’un revers de sa large main ces explications psychologiques trop commodes. Si les Français boudent leur steak frites, c’est que le steak déçoit trop souvent. Et c’est à cette question qu’il vaudrait mieux s’attacher. Comme le président de l’Union européenne du commerce du bétail et de la viande était fâché tout rouge, personne ne l’a contredit…