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Croc la vie surfe sur un marché de niche

Anthony Beharelle, fondateur de Croc la vie.
© © Thierry Becqueriaux

Spécialisée dans la restauration collective exclusivement bio destinée aux enfants de moins de 3 ans, Croc la vie déménage et s’agrandit. La PME lilloise essaime à Lyon et amorce une diversification dans les petits pots.

En mai prochain, Croc la vie installera les 800 m2 de sa nouvelle cuisine centrale d’une capacité de production de 3 000 repas par jour à Templemars dans la métropole lilloise. Un investissement de 2,4 millions d'euros (M€) (dont 1,8 M€ financés par apports bancaires) pour cette PME de dix-huit salariés, dont neuf cuisiniers et cinq chauffeurs, à la croissance ininterrompue. Créée en 2009 par Anthony Beharelle avec l’appui de cinq clubs « cigales », la jeune pousse a fait de la fabrication de plats cuisinés 100 % bios à destination des 0-3 ans son positionnement marketing. « Je le revendique pleinement pour la cible visée, en revanche, le 100 % bio illustre bien les valeurs que je défends », précise cet ingénieur sorti de l’UTC de Compiègne (mécanique-systèmes de production) qui a passé six ans dans l’industrie automobile.

Le créateur de Croc la vie défend un approvisionnement le plus local possible « sans approche dogmatique tarifaire », défend une juste rémunération du producteur ainsi que la préservation de l’environnement. « En 2007, je savais ce que je ne voulais plus faire, mais pas encore ce que je voulais faire », confie-t-il. Un long bilan de compétences aura servi de déclencheur.

Ardent défenseur de l’économie sociale et solidaire, il revendique de « contribuer à son échelle aux changements du monde », sans vouloir apparaître pour autant comme un baba cool. Car Anthony Beharelle est un chef d’entreprise qui a fait ses choix par conviction : le déclic écologique, mais avec le souci de l’économique. Ce qu’illustre son parcours dans le secteur de la restauration collective des 0-3 ans : « j’ai mis deux ans à bâtir mon projet, en m’appuyant notamment sur les conseils d’une coordinatrice petite enfance et sur la compétence de l’Institut Pasteur de Lille ». Le marché de la restauration collective en crèches lui était parfaitement inconnu. « À ces âges-là, on a des besoins nutritionnels spécifiques, on veut des textures différentes et des portions réduites », témoigne-t-il.

2 200 repas 100 % bios

Ce sont les crèches 1, 2, 3 Soleil qui, en lui faisant confiance, lui ont mis le pied à l’étrier. Il se lance en février 2010 dans les locaux d’un traiteur d’Hem (59) avec l’appui d’un chef de production. Aujourd’hui retraité, ce dernier lui a permis de tenir ses coûts dès le départ tout en offrant une restauration de qualité. « C’était tout sauf un exécutant de procédures, qui possédait un vrai savoir-faire de cuisinier », regrette-t-il.

Trop à l’étroit à Hem, Croc la vie investit 600 000 euros et emménage dans un local de 200 m2 situé dans la pépinière d’entreprises de Houplines en juin 2011 où il fabrique 300 repas par jour. Six ans plus tard, le succès est au rendez-vous : 2 200 repas 100 % bios sont fabriqués quotidiennement selon cinq menus différents validés par une diététicienne à des prix de vente allant de 2,70 euros à 3,80 euros. La PME livre 110 crèches du Nord-Pas-de-Calais dont la moitié en métropole lilloise. En 2016, elle a réalisé 2 M€ de chiffre d’affaires.

Stratégie d’essaimage

Pas question pour Croc la vie de filialiser d’autres implantations sur le territoire français. En revanche, accompagner des porteurs de projets en créant un réseau national fait partie de sa stratégie. C’est ainsi que Goût’chou a ouvert à Lyon depuis le 6 mars sous la houlette d’Amandine Prat. Anthony Beharelle veut garder une longueur d’avance et sait qu’il faut sans cesse innover. Croc la vie a donc fait labelliser sa cuisine centrale par Ecocert depuis septembre 2016. La PME travaille également à l’élaboration d’une gamme de petits pots à emporter qui sera prête fin 2017 et réfléchit à minimiser au maximum ses effets environnementaux.

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