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Sucre
Cristal Union résiste à l’après-quota

Le sucrier français Cristal Union a réalisé un bénéfice net de 49 millions d’euros sur sa campagne 2017-2018, et ce, malgré des cours du sucre au plus bas. Il a connu une production record, avec 17,2 millions de tonnes de betteraves produites.

Le groupe coopératif Cristal Union a réalisé une campagne 2017-2018 bénéficiaire, avec un résultat net de 49 millions d’euros. De plus, le groupe dispose de capitaux propres s’élevant à 1,3 milliard d’euros pour une dette nette au 31 janvier 2018 de 724 millions d’euros, conférant à Cristal Union « une très bonne santé financière », insiste Jean-François Javoy, secrétaire général du groupe coopératif.

Les 10 000 coopérateurs de la société ont produit 17,2 millions de tonnes de betteraves à sucre, soit 15 tonnes de sucre par hectare en moyenne, sur des surfaces qui ont augmenté de plus de 20 % par rapport à la campagne précédente. Les rendements de cette année titillant les records du groupe : 135 000 tonnes de betteraves ont été transformées quotidiennement dans les usines. « Cette année, la campagne a été excédentaire, après deux campagnes déficitaires », ajoute Jean-François Javoy. Cette production exceptionnelle, permise entre autres par des conditions climatiques idéales et une durée de campagne allongée de près de 30 jours, a permis à Cristal Union d’enregistrer un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros pour cet exercice, à comparer aux 2,5 milliards d’euros pour la précédente campagne (qui courrait sur un exercice exceptionnel de 16 mois).

Le groupe a distribué à ses coopérateurs 62 millions d’euros, ce qui revient à 28,24 euros la tonne, pulpes et intérêts aux parts inclus, soit 2 400 euros par hectare, « permettant à Cristal Union d’être le meilleur payeur cette année », se félicite Jean-François Javoy. Les performances du groupe coopératif sur les plans agricole et industriel ont été largement à la hauteur des attentes. « Notre bonne santé financière est due à nos performances très correctes, compensant les déséquilibres violents des marchés », conclut-il.

Une situation internationale dégradée

« La fin des quotas nous a permis d’exporter à nouveau. Nous avons expédié 5 millions de tonnes de sucre cette année. Nous souhaitons reconquérir les marchés internationaux », annonce Xavier Astolfi, directeur adjoint de Cristal Union. Cependant, l’arrêt des quotas a entraîné une grande chute des cours du sucre. « Nous n’avions pas anticipé une telle baisse du marché mondial », confesse Alain Commissaire, directeur général de Cristal Union. « Aujourd’hui, la filière betterave n’a plus de garantie de prix, comme les autres filières agricoles, ce n’est plus la bouée de secours de l’agriculture française », argumente-t-il.

Le stock mondial de sucre continue de s’accroître avec cette campagne excédentaire, et augmentera encore pour 2018-2019, où « un nouvel excédent de production est attendu, et devrait être compris entre 8 et 12 millions de tonnes », précise Jean-François Javoy. Les prix du sucre ont d’autant plus été dégradés que les niveaux de production en Inde et en Thaïlande ont de manière inattendue été très bons, grâce à des conditions climatiques optimales. « L’Inde est un acteur à prendre au sérieux maintenant. Il y a des projets de sucreries en Thaïlande qui souhaitent passer de la transformation de 35 000 tonnes à 50 000 tonnes de betteraves par jour, pendant qu’en Europe, les usines les plus performantes sont à 27 000 tonnes quotidiennement ! » souligne Alain Commissaire.

Cristal Union redoute un « problème indien et thaï » sur le marché d’ici quelques années. Sur les 32 millions de tonnes de sucre produites en Inde, 24 millions sont absorbées par le marché local, le reste se retrouvant sur le marché international.

Nous n’avions pas anticipé une telle baisse du marché mondial

« Le gouvernement indien propose des aides aux planteurs, pour le stockage et l’export, et propose donc un sucre à un prix très bas, ce qui est totalement illégal aux yeux de l’Organisation mondiale du commerce, qui devrait sanctionner tout ça… Le cœur de l’actualité, ce n’est plus l’excellence industrielle, c’est comment on va s’en sortir ces prochaines années », explique Alain Commissaire. Pour remédier à cela, Cristal Union a acté de supprimer le prix minimum de la betterave pour 2018-2019, « une décision difficile à annoncer aux coopérateurs car notre discours est aujourd’hui à l’opposé de ce que nous leur avons dit l’an dernier », ajoute-t-il.

Le groupe coopératif sucrier envisage aussi des projets d’acquisition d’autres sociétés, « qui se parlent en milliards d’euros », précise Olivier de Bohan, président de Cristal Union.

Lancement d’une filière bio

À l’origine du lancement d’une filière betteraves bio en France, avec 145 hectares de betteraves conduits en bio en 2018 (26 exploitations agricoles concernées), Cristal Union présente l’objectif d’en cultiver 1 500 hectares en 2019. « Quatre parcelles expérimentales étaient déjà en bio en 2017 », précise Xavier Astolfi. « Nous voulions cette année cultiver 500 hectares en bios, mais les semenciers n’ont pas anticipé la demande en bio, donc nous n’avons pas assez de graines adaptées. Il y a cependant eu mise en place de l’itinéraire bio dans certaines exploitations agricoles », détaille Xavier Astolfi. Le marché européen en sucre bio (canne et betterave réunies), reste très faible, avec une production de 100 000 tonnes de sucre bio seulement, 400 000 tonnes au niveau mondial. « Nous pensons que le bond des cultures de betteraves bios se fera surtout entre 2019 et 2020 », présage Xavier Astolfi.

« L’UE abandonne son agriculture »

Olivier de Bohan, président de Cristal Union, a dénoncé la politique agricole de l’Union européenne (UE), soulignant qu’elle « abandonne son agriculture. L’UE souhaite libéraliser le marché sans prendre de mesures pour protéger l’agriculture », précise-t-il. Le président du groupe coopératif a fait part de ses inquiétudes quant à certaines actualités françaises, sur l’arrêt de l’utilisation de produits néfastes pour l’environnement. « On ne voit pas de cohérence dans la politique franco-française, qui nous retire de la compétitivité. Il n’y a pas de problèmes pour nous retirer les néonicotinoïdes, mais qu’ils nous laissent le temps de trouver des alternatives. C’est malgré tout le produit le plus clean pour l’environnement pour l’instant. En le retirant trop vite, on risque de ressortir des produits bien plus destructeurs », a-t-il affirmé.

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