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International
[MAJ][Graphique] Comment les marchés agricoles réagissent aux tensions entre l'Ukraine et la Russie?

Les tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine impactent les marchés agricoles de façon directe ou indirecte, plus ou moins marquées selon les produits.

© Pixabay

Près de 70 % du territoire ukrainien est couvert de terre agricole, ce qui représente plus de 42,7 millions d'hectares. Premier producteur mondial de tournesol, sixième producteur de maïs et d’orge, septième en colza et blé, neuvième en soja, l’Ukraine pèse lourd sur le marché international des céréales et des oléagineux.

Cette année, le pays devrait peser pour 12 % des exportations mondiales de blé, 16 % des envois de maïs, 18 % et 19 % des expéditions d’orge et de colza, selon les estimations de l’USDA. Ainsi, les marchés du maïs et de l’huile de tournesol seraient les plus perturbés par la crise géopolitique.

Mais pas que car la Russie demeure le premier exportateur mondial de blé; toute sanction politique pourrait chambouler le marché international et provoquer des pénuries.

 

Conséquences sur les coûts de l'alimentation animale

Le cours des céréales à Chicago atteint actuellement des niveaux records, face aux menaces de guerre en Ukraine et aux sévères sanctions occidentales pour la Russie. Les contrats à terme sur le blé ont bondi de plus de 6 % mardi 22 février, ce qui est peu courant sur le marché à terme des céréales.

Suivez l'évolution du cours du blé à Chicago sur Commoprices

Le maïs a atteint un sommet de sept mois ; les opérateurs craignent que les livraisons soient retardées ou stoppées. Ces matières premières clés pour l'alimentation animale ont progressé d'environ 40 % par rapport à leur niveau le plus bas de 2021. De quoi laisser présager des niveaux élevés du coût de l'aliment dans les prochains mois.

Par ailleurs, dans le cas où l’occident sanctionnerait les principales industries russes, la hausse des prix du gaz naturel et du pétrole pourrait s’accentuer. De quoi impacter les coûts de production d’autres industries notamment celle de l’aviculture.  

Répercussion de la hausse des prix sur le marché du poulet

La flambée du prix du gaz naturel l’an dernier avait déjà mis à mal la filière avicole ukrainienne. Une vingtaine d’exploitations d’œufs et une dizaine de fermes de poulet de chair avaient cessé leur activité. Selon les informations relayées par Poultry World, début 2020, les producteurs de volaille ukrainiens ont dépensé en moyenne 1,6 hryvnias (0,0496 euros) pour produire 1 kg de viande de poulet. Ces coûts ont quadruplé en deux ans. En décembre 2021, ce chiffre s’élevait à 6,4 hryvnias (0,1984 euros). Une hausse qui est aussi en lien avec la flambée des prix de l’aliment.

Le poulet et l’œuf ukrainien moins compétitif à l’export

La montée des prix des matières premières et de l’énergie risque de menacer davantage les petites et moyenne exploitations avicoles qui représentent 25 à 30 % de la production de volaille en Ukraine. Actuellement, l'Ukraine exporte 30 à 40 % de sa production de viande de poulet et d’œufs. Cependant, si la hausse des coûts de production s’accentue notamment en raison des tensions politiques, cela risque de contribuer à la hausse du prix du poulet et des œufs ukrainiens, les rendant ainsi moins compétitifs sur le marché de l’export. L’an dernier les œufs ukrainiens ont perdu du terrain dans l’UE, les volumes ont chuté de 40,7 % sur un an en cumul de onze premiers mois de l’année. De même pour le poulet ukrainien dont les volumes ont reculé de 7,9 % au même temps, selon la commission.

Les producteurs de volaille ne sont pas les seuls à s'inquiéter de la hausse du prix du gaz naturel. "Les usines de transformation de produits laitiers ukrainiennes pourraient devoir cesser leurs activités en cas de nouvelle hausse des prix", a déclaré l'Union ukrainienne des sociétés laitières, estimant que le gaz naturel représente environ 25 % des coûts de production.

A noter toutefois que l’Union européenne reste aussi très dépendante du gaz naturel russe. Selon Eurostat, la Russie représentait plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'UE. La présidente de la commission a toutefois déclaré que l'UE était capable de se passer du gaz russe cet hiver en cas de décision de Moscou de réduire ou cesser ses livraisons. L’UE aurait déjà trouvé d’autres fournisseurs à l’instar du Japon.

Moins d’investissements dans les filières

L’instabilité politique entre la Russie et l’Ukraine pourrait chahuter toute l’économie ukrainienne. Le président Volodymir Zelensky a estimé que le pays a déjà perdu près de 12,5 milliards de dollars après des rapports mettant en garde les opérateurs contre les risques d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le premier producteur ukrainien de volaille, MHP s’inquiète des conséquences commerciales de la crise entre les deux pays et notamment sur les investissements dans le pays. Il a toutefois laissé entendre que la filière du poulet devrait pouvoir approvisionner les rayons des magasins cette année. En 2021, MHP a augmenté sa production de poulet de 3 % sur un an à 754 400 tonnes de viande. Ses ventes sont restées globalement stables. Le repli des volumes sur le marché intérieur (-11 %) a été compensé par la hausse à l’export (-8 %).

Si Moscou a annoncé mardi 15 février, le retrait militaire de ses troupes aux frontières ukrainiennes, l’incertitude demeure. L’Otan ne constate toujours pas de signe de désescalade, laissant les marchés dans l’expectative.

Zoom sur les importations européennes de poulet ukrainien :

En provenance de l’Ukraine, les importations européennes de volaille ont reculé de 29 % en 2020 par rapport à 2019 et poursuivraient leur repli en 2021 de 23%, selon les estimations de l’institut technique de l’aviculture (l’Itavi). Ce sont surtout les importations de découpes de poulet frais sous le code douanier 0207 13 70 ou « autres découpes », qui ont le plus reculé. Cette catégorie correspond à la ligne tarifaire qu’utilise l’Ukraine pour exporter des coffres (filets et ailes avec os) vers l’Union européenne, qui mettait à profit une faille dans l’accord d’association. Ainsi, les contingents renégociés par l’UE, plus protecteurs, ont permis de réduire les volumes importés. La suspension des importations suite à l’apparition de foyers de grippe aviaire et puis la baisse des débouchés de la restauration européenne ont aussi contribué à ce repli.

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