Légumes transformés
Comment Bonduelle segmente son offre
Bonduelle veut répondre à la demande des consommateurs avec des références labellisées AB ou Zéro résidu de pesticides. Le groupe suit une politique de réduction des intrants et adopte ses procédés de lavage et d'isolement. Reportage à Estrées-Mons.
À l’occasion de l’ouverture des portes à la presse de son usine d’Estrées-Mons, dans la Somme (80), Bonduelle a fait le point sur sa politique RSE, ses procédés de fabrication, sur la relation avec ses producteurs et aussi la segmentation de son catalogue. Afin de répondre à la demande croissante des consommateurs, le groupe développe la production de produits labellisés Zéro résidu de pesticides, ainsi que son offre bio. « Nous ne nous fixons pas d’objectifs chiffrés, nous répondons à la demande commerciale », annonce Christophe Vieillard, responsable approvisionnement légumes Nord Picardie chez Bonduelle.
Pour s’adapter au cahier des charges du bio, le groupe a dû revoir ses processus de lavage et d’isolement. Par ailleurs, Bonduelle accompagne de près les producteurs qui veulent se convertir à l’agriculture biologique.
Nous sommes leader sur le maïs bio en Allemagne
« Voilà six ans que nous avons lancé des cultures bios dans la région », souligne Éric Legras, agriculteur et président d’OPLVert, organisation de producteurs de légumes verts dont Bonduelle est le client unique. Aujourd’hui, 6 % des surfaces cultivées Bonduelle dans les Hauts-de-France sont en bio (soit environ 1 000 hectares). Le groupe commercialise sur le marché français des références bios de petits pois, haricots verts et carottes frais et surgelés. « Nous travaillons notamment sur le développement de cultures d’épinards bios. La problématique est d’obtenir des produits sains sans mauvaises herbes », explique Christophe Vieillard. Par ailleurs, Bonduelle est « leader sur le maïs bio en Allemagne », ajoute-t-il.
Tendance à la réduction des pesticides
Le groupe a aussi lancé une gamme labellisée Zéro résidu de pesticides, constituée de maïs produit dans le sud-ouest de la France et en Hongrie. « Dès cette année, elle sera élargie avec des légumes verts. Nous travaillons pour étendre d’autant plus cette gamme », affirme Christophe Vieillard.
Pour les productions conventionnelles, Bonduelle suit aussi dans une politique de réduction d’intrants. « J’applique très peu de produits : un herbicide après plantation et un insecticide contre le puceron. C’est tout », témoigne Christophe De Pourcq, producteur de potirons et potimarrons pour Bonduelle. « Je vérifie bien qu’il n’y ait pas d’oïdium sur les plantes. S’il y en a, je traite au soufre. Je fais attention à la quantité que je mets, le but est de ne pas faire n’importe quoi », déclare-t-il.
En adhérant à l’OPLVert, Christophe De Pourcq affirme « pouvoir récupérer une subvention européenne qui permet d’investir et de s’équiper en biotraitements. Cela évite les fongicides à outrance ».
Chaque année, des analyses de résidus de pesticides sont réalisées auprès de chaque producteur afin d’en garantir un taux minimal. « Nous voulons aller plus loin que la réglementation. Les analyses sont faites sur les légumes, pas sur les sols. Si les lots présentent trop de résidus, ils sont écartés », assure Mathias Levoir, directeur des opérations chez Bonduelle.
Une capacité de stockage de 60 000 tonnes
Le site d’Estrées-Mons, d’une superficie de 50 hectares, est divisé en deux usines mitoyennes, avec la partie surgelés et la partie conserves. « Nous produisons sur ce site en 6 semaines ce que nous devons distribuer sur 12 à 13 mois », affirme Éric Ternisien, directeur de l’usine surgelés de Bonduelle. L’usine de surgelés compte onze lignes de production. « Si notre production était stable toute l’année, nous aurions juste besoin de deux lignes de production. Pendant le pic annuel, certaines lignes peuvent monter jusqu’à 12 tonnes par heure », indique Éric Ternisien.
L’ensemble du site consomme environ 3 millions de mètres cubes d’eau par an, « soit l’équivalent d’une ville de 100 000 habitants. C’est moitié moins qu’il y a dix ans », précise-t-il. Afin de stocker toute leur production, les usines de conserves et de surgelés du site possèdent une capacité de stockage de 60 000 tonnes de légumes en vrac à -18°C sur 20 hectares et sur quatorze niveaux. D’une hauteur de 30 mètres, ces salles ont une teneur en oxygène de 17 % seulement pour diminuer le risque d’incendie.
Bonduelle a investi ces dernières années dans de nombreux robots installés dans les chambres froides pour y réduire au maximum les interventions humaines. « Cela permet de limiter les pertes de fraîcheur », observe Éric Ternisien. Bonduelle investit sur l’ensemble du site en moyenne 10 millions d’euros par an. En 2018, le groupe a réalisé 2,77 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Des échanges instructifs entre les producteurs Bonduelle
Le regroupement de certains producteurs sous la bannière Bonduelle permet de faciliter les échanges et « d’apprendre des uns et des autres. Nous pouvons voir ce qu’il se fait ailleurs. Nous sommes allés à la rencontre d’agriculteurs en Autriche et nous en avons ramené du matériel pour mécaniser la récolte des potirons et potimarrons », déclare Christophe De Pourcq, producteur de potirons et potimarrons chez Bonduelle. La mise en place de ce procédé a débuté en 2017. La récolte 2018 a été entièrement mécanisée, permettant ainsi une réduction significative des coûts de main-d’œuvre. Ce gain de valeur est partagé avec l’industriel qui achète les légumes à un prix plus bas. Bonduelle encourage ces échanges entre producteurs sur les pratiques et les idées novatrices de chacun.