Compétences
C’est le moment d’attirer des candidats à l’embauche
Les confinements et la crise liée à la Covid-19 ont montré le dynamisme et la relative résilience du secteur agroalimentaire. Il reste à convaincre de l’intérêt des métiers et des possibilités d’y rebondir.
« Malgré la crise sanitaire, la majorité des entreprises alimentaires se montrent résilientes, maintiennent leurs emplois, voire recrutent », signalent l’Association des entreprises alimentaires (Ania) et l’Agence pour l’emploi des cadres (Apec) en préambule du communiqué annonçant leur convention de partenariat. Ces entreprises « accélèrent leur transformation, innovent et s’adaptent aux enjeux liés à la transition alimentaire, numérique et environnementale », fait valoir le communiqué. Pôle Emploi, dans son dossier consacré au secteur, présente des métiers « en tension » pouvant permettre « des évolutions de carrière intéressantes, jusqu’à la création ou la reprise d’entreprise ». Les métiers évoluent et requièrent de nouvelles compétences.
34 % de créations de poste en Auvergne-Rhône-Alpes
Les besoins d’embaucher dans le secteur de l’industrie et de la coopération agroalimentaire sont précisément détaillés par les grandes enquêtes réalisées au niveau national et aux échelons régionaux par les Observatoires des métiers de l’agroalimentaire – des enquêtes réalisées avant le premier confinement de 2020. Ainsi, en Auvergne-Rhône-Alpes, la branche avait recruté en 2019 presque autant de personnes qu’en Bretagne : près de 10 000, dont 8 520 dans l’industrie et 1 425 dans la coopération agricole. L’alternance (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) avait représenté 1 048 de ces embauches. À 84 %, les embauchés étaient des ouvriers, et 34 %, des embauches étaient des créations de poste.
Avec toutes les mutations à venir, on va avoir besoin des jeunes
Comme au niveau national, la branche régionale connaît des freins à l’embauche. L’enquête nationale (voir graphique) montre que les recruteurs butent principalement sur la rareté des profils recherchés sur le bassin d’emploi et le manque de formations ; ensuite, c’est la forte concurrence à l’embauche, les conditions de travail jugées difficiles, la mauvaise image du secteur et l’éloignement du domicile.
Encouragées par le plan France Relance, La Coopération agricole et l’Ania lancent leurs filets. Ainsi, l’organisation professionnelle unifiée des coopératives agricoles et agroalimentaires rejoint la mobilisation « 1 jeune, 1 solution ». La Coopération agricole se félicite d’une progression de plus de 30 % du nombre de contrats d’apprentissage en 2020 et d’une « bonne dynamique » dans l’emploi en alternance. En 2021, elle se fixe l’objectif d’augmenter de 15 %, à 1 200, le nombre d’entreprises coopératives engagées dans l’alternance en accueillant un jeune.
« Avec toutes les mutations qui attendent les secteurs agricoles et alimentaires, on va avoir besoin des jeunes », déclare Corinne Lelong, directrice des affaires sociales et de la formation de La Coopération agricole. « Les jeunes sont aussi les premiers à pouvoir convaincre d’autres jeunes », s’exclame-t-elle. Parmi les entreprises coopératives misant sur l’apprentissage, Entremont (Sodiaal) – dont le site internet vante « de nombreuses possibilités » à l’issue de l’alternance dans tous les domaines : marketing, contrôle de gestion, commercial, achats, production, maintenance, qualité, sécurité, laboratoire, ressources humaines – affirme embaucher plus de 10 % de ses alternants.
Pêche aux cadres et jeunes diplômés
De son côté, l’Ania s’engage de façon inédite pour deux ans au côté de l’Apec « afin de valoriser les opportunités d’emplois et parcours professionnels, auprès des cadres et des jeunes diplômés », dit le communiqué commun. L’Apec prévoit déjà une série d’actions : organiser des matinales ou « afterworks » à destination des employeurs du secteur, des ateliers thématiques animés avec l’Ania et des partenaires pertinents, des évènements « Apec Connect » dans le cadre Objectif premier emploi ; développer des actions d’inclusion sociale avec les différents partenaires de l’Apec (Cap Emploi, Agefiph, Prism’emploi, Hello Handicap), un programme d’études et de veille sur le marché de l’emploi cadre, etc.
L’Apec et l’Ania entendent aussi sécuriser les parcours des cadres et favoriser l’emploi des jeunes et des seniors, « publics fortement impactés par les effets de la crise actuelle », dit le communiqué.
Agil’Agro en Bretagne
Ces initiatives s’ajoutent au travail de fond déjà entrepris : les Observatoires des métiers, le site internet Alimétiers, notamment. En Bretagne, la commission paritaire des industries agroalimentaires et de l’artisanat de bouche et des partenaires sociaux avait lancé en 2018 une formation aux savoirs fondamentaux (français, calcul, sécurité) en centre-Bretagne. Il y a un an et demi, elle a lancé Agil’Agro dans le sud-Finistère : plusieurs entreprises se regroupent pour former et partager des employés. Une démarche se concevant dans un réseau dense d’entreprises alimentaires, qui pourrait se dupliquer en Ille-et-Vilaine.