Céréales : dure gestion du retour à l’abondance
La gestion de la campagne céréalière 2004-2005 risque d’être difficile. La récolte dans l’UE sera abondante et la France participera à l’abondance, selon les premières estimations de l’Onic lors de son Conseil central, mercredi, pour 36,3 Mt de blé tendre, 11 Mt d’orge et 1,8 Mt de blé dur. La santé du marché dépendra de ses capacités d’exportation. Ainsi que nous l’avons brièvement indiqué hier, le disponible exportable de l’UE à 25 est estimé par l’Onic à 17 Mt pour le blé tendre, 7,3 pour l’orge et entre 2 et 3 Mt pour le maïs. La part à remplir par notre pays, exportateur majeur de l’UE, dans ce programme sera importante pour assurer l’équilibre de notre propre marché. Or, l’entrée des 10 nouveaux membres dans le l’UE bouleverse la donne des échanges extérieurs céréaliers. Les ventes seront concurrencées au sud de l’Europe par certains de nos partenaires, et au Nord par le maïs hongrois. Il faudra compter dans nos débouchés communautaires sur le retour en force des blés de la mer Noire qui s’étaient fait oublier en 2003-2004, faute de marchandise. Russes et Ukrainiens, grâce à leur reliquat de contingents, pourront mettre sur le marché communautaire plus de 5 Mt de blé dans l’année, à bas prix, comme ils savent le faire… et le font dès ce début de campagne en offrant sur le marché mondial des blés fourragers à 95- 100 Eur FOB Odessa. Nous allons retrouver cette concurrence de l’Est sur la clientèle pays tiers vers lesquels il faudrait expédier au bas mot, 9 Mt de blé, mais à quel prix ?
Pour l’orge, la situation ne se présente pas bien non plus avec une production qui, selon les experts, dépasserait les 59 Mt dans l’UE. En ce qui concerne le maïs, les prévisions communautaires sont impressionnantes avec 51,8 Mt contre 40,8 l’an dernier ce qui obligerait à sortir 2 à 3 Mt vers les pays tiers, situation tout à fait exceptionnelle. Quelques signes positifs apparaissent quand même, comme des modalités d’exportation plus souples (suppression du « tiret », allongement de la durée des certificats de droit commun…), l’engagement de la SNCF d’améliorer la régularité du trafic céréalier et surtout une reprise plausible des utilisations intérieures grâce à la baisse des prix. Une baisse déjà flagrante et qui laisse entrevoir le spectre de l’intervention.