Étude
Cartographie des 100 premières coopératives agricoles européennes
Comment se situent les coopératives françaises par rapport à leurs homologues européens ? Olivier Frey, auteur d’une analyse du top 100 des plus grandes coopératives agricoles en Europe, apporte quelques éclairages.
Comment se situent les coopératives françaises par rapport à leurs homologues européens ? Olivier Frey, auteur d’une analyse du top 100 des plus grandes coopératives agricoles en Europe, apporte quelques éclairages.
« On a souvent tendance à dire que les coopératives françaises sont devenues des mastodontes, une idée battue en brèche quand on compare avec d’autres coopératives européennes. Une seule coopérative française se situe dans le top 10 et pèse trois fois moins que la première coopérative européenne », explique Olivier Frey, consultant expert dans les coopératives agricoles à l’initiative d’une analyse des performances financières et extra-financières des 100 plus grandes coopératives agricoles en Europe. La plus grosse coopérative agricole européenne, l’allemande Baywa, a réalisé un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros en 2019, soit quasiment le triple du chiffre d’affaires de la première coopérative française Agrial (6,09 milliards d’euros).
Une seule coopérative française se situe dans le top 10
Si cette analyse a le mérite de comparer les coopératives françaises avec leurs homologues européens, il faut se rappeler au préalable qu’il « n’y a pas d’homogénéité des lois sur les coopératives au niveau européen ». Ainsi, une coopérative comme Danish Crown qui transforme 90 % des porcs danois ou comme Friesland Campina qui collecte 95 % du lait hollandais ne pourrait pas exister en France, l’Autorité de la concurrence veillant à éviter la constitution de monopoles.
Sur les 100 premières coopératives agricoles européennes qui réalisent un chiffre d’affaires cumulé de 237,5 milliards d’euros, avec 32 coopératives, la France est toutefois le pays qui compte le plus de représentants, devant l’Allemagne (16) et l’Italie (8). Ces 32 coopératives, avec un chiffre d’affaires cumulé de 61,2 milliards d’euros, ne représentent qu’un peu plus du quart du top 100, contre 22 % pour les coopératives allemandes.
Seules trois coopératives agricoles françaises (Agrial, Invivo et Sodiaal) dépassent les 5 milliards d’euros de chiffres d’affaires. « Finalement, ce ne sont pas les plus grosses coopératives qui sont les plus rentables », analyse Olivier Frey. Ainsi, dans le lait, Arla et Friesland Campina ont des marges d’exploitation inférieures à celles de Emmi, Tine ou Glanbia. Dans le sucre, Südzucker a une marge d’exploitation inférieure à celle de Tereos ou Agrana. Dans les céréales-approvisionnement, Baywa affiche une marge d’exploitation inférieure à celle de coopératives telles que Advitam ou Avebe. « Il n’y a que dans la viande où c’est la plus importante coopérative, Danish Crown, qui a une meilleure marge d’exploitation que les autres coopératives du secteur », peut-on lire dans l’étude.
Rentabilité et taille
En France, Tereos et Advitam comptent parmi les 25 meilleures performances en matière de marge d’exploitation et on retrouve de nouveau Tereos avec Vivescia, cette fois-ci, parmi les 25 meilleures ratios d’Ebitda en 2019.
Si le point fort des coopératives françaises est qu’elles sont ancrées dans leur territoire, cela constitue aussi « une faiblesse quand elles veulent aller à l’international », décrypte encore Olivier Frey. La part moyenne du chiffre d’affaires effectuée hors de l’Hexagone pour les coopératives françaises s’élève aux alentours de 30 %, soit bien moins que les coopératives du nord de l’Europe.