Camembert de Normandie : une stratégie à deux gammes
Le projet AOP 2021 camembert de Normandie se précise. La production va se décliner sur deux gammes. Les actuels acteurs de l’AOP comme les nouveaux entrants sont appelés à monter en gamme.
Le projet AOP 2021 camembert de Normandie se précise. La production va se décliner sur deux gammes. Les actuels acteurs de l’AOP comme les nouveaux entrants sont appelés à monter en gamme.
« Un grand moment », s’est félicité Hervé Morin, le président de la Région Normandie, en conclusion de la présentation du nouveau projet pour l’AOP Camembert vendredi 25 janvier. Les trente années de bataille autour de l’appellation vont laisser la place à une nouvelle organisation. D’un côté, les actuels producteurs du camembert de Normandie AOP sont appelés à monter en gamme. Les éleveurs devront avoir des troupeaux constitués aux deux tiers de race normande (contre la moitié aujourd’hui) et réimplanter des haies (50 m linéaires/ha au moins) dans une optique de bien-être animal et de biodiversité. Moulés à la louche en cinq passages fractionnés et au lait cru, ces fromages pourront porter la mention « authentique » ou « véritable » camembert de Normandie AOP.
30 % de vaches de race normande pour les nouveaux entrants
Pour les nouveaux entrants dans l’AOP, qui commercialisaient leurs fromages sous le terme « fabriqué en Normandie », ils devront compter au moins 30 % de vaches de race normande. C’est cette « normandisation » des troupeaux qui nécessite du temps aux éleveurs. Cette démarche est soutenue par la Région.
Pour les deux gammes, les aliments contenant des OGM sont proscrits, les vaches doivent pâturer au moins 6 mois et la ration doit contenir au moins 20 % d’herbe toute l’année.
Le lait cru et le pasteurisé coexistent dans d’autres appellations
Le débat a été houleux, mais a débouché sur l’autorisation des traitements du lait dans l’AOP pour le cœur de gamme. « Le lait cru et le pasteurisé coexistent dans d’autres appellations. Et nous sommes les seuls à inscrire dans les statuts l’ODG le développement du lait cru dans la filière », rétorque Patrick Mercier, président de l’ODG Camembert de Normandie. Chez les historiques, on sent néanmoins un peu d’appréhension : « maintenant que presque tous les camemberts seront AOP, est-ce que le consommateur ira acheter le “véritable” ? », confie un transformateur. Si l’on en croit Marie Guittard, directrice de l’Inao, « il ne faut pas redouter ce changement, les producteurs actuels bénéficieront de la revalorisation de l’image du camembert et de la dynamique d’entraînement de la filière ». Mais si les marques jouent le jeu, les distributeurs restent à convaincre alors que plus du tiers des camemberts se vend sous MDD. « On vous aidera à vous faire entendre », tempête Hervé Morin.