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Brexit : 3 ans après, parcours d’obstacle pour les produits frais Français  

Certains exportateurs français de produits alimentaires frais vers le Royaume-Uni restent encore dans l’incertitude depuis le Brexit. D’autres sont confrontés à un changement de demande et une descente en gamme. Zoom sur les volailles, les produits laitiers et le porc notamment. 

© Rocco Dipoppa

Près de trois ans après le Brexit (1er janvier 2021), les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) ont évolué. « Le volume de produit frais diminue au profit du congelé lorsque c’est possible. Cela traduit la méfiance des opérateurs vis-à-vis de la durée des procédés aux frontières », nous apprend l’étude du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux. Ces derniers observent « la perte de vitesse de produits qualitatifs aux dépens de commodités dans un contexte économique difficile. La progression de la Chine en est très probablement un corollaire ». La Chine n’est que le troisième partenaire du Royaume-Uni, loin derrière les deux premiers mais connaît la croissance la plus importante sur les exportations de poissons congelés, plats cuisinés et légumes surgelés pour la période allant de 2016 à 2021. De quoi inquiéter les entreprises françaises qui exportent des produits frais vers le Royaume-Uni.   

Baisse des exportations   

En fromage par exemple, le Royaume-Uni est le troisième marché à l’export pour le fromage français avec deux produits phares que sont le brie et le camembert. Déjà les exportations ont diminué avant la signature du Brexit. Les volumes ont plongé de plus de 17 % entre 2019 et 2020. Pour l’ensemble des autres produits laitiers, les exportations françaises vers nos voisins britanniques se sont tassées de 32 % en volume et de 8 % en valeur entre 2019 et 2022. Et la sortie du Royaume-Uni de l’UE n’a rien arrangé.   

“ Le Royaume-Uni est un partenaire commercial important, par sa proximité et ses caractéristiques industrielles très dépendantes des matières premières alimentaires importées. Mais après une période de forte mobilisation pour s’adapter aux nouvelles règles qui ne venaient pas, marquée par une perte de temps significative et des investissements dans des entrepôts qui ne servent pas, les services export des entreprises se sont démobilisés, pris par d’autres marchés”.   

En volaille aussi, l’étude pointe la hausse des flux congelés au dépend du frais. Ce qui n’est pas sans conséquence pour les volailles premium, notamment les produits festifs. La tendance est la même en porc « depuis le Brexit, les gros faiseurs français ont diminué l’export de viande porcine fraîche au profit du congelé ».   

Des produits au lait cru fixé, ceux au lait cru sensible dans l’attente   

Les yaourts, desserts lactés, lait, crème, fromages hors ceux lait cru par exemple sont classés dans la catégorie “risque faible”. A l’horizon du 31 octobre 2023, ils ne nécessitent pas de certificats sanitaires. En revanche, le sort des fromages au lait cru sensible en partie du fait de leur pH et de certaines AOC comme le Comté et le Roquefort reste préoccupant. Incertitude aussi en volailles fraîches, avec un chiffre d'affaires annuel entre 50 et 60 millions d’euros pour le marché britannique, dont 90 % en ultra frais. Les volailles sont exportées tout au long de l’année avec un pic lors des fêtes de fin d‘année. Difficile de substituer ces produits haut de gamme par des volailles congelées. Pour les opérateurs, ce n’est ni possible ni souhaitable.   

Des formalités exigeantes   

Des besoins sont identifiés dans un Royaume-Uni enclin à une forte inflation alimentaire (18,1 % au premier trimestre 2023 contre 15,6 % en France), à une balance commerciale agricole « très fortement déficitaire », un manque de main d’œuvre et à une production agricole en baisse. Et la France est un important fournisseur dans la région, le second après l’Irlande. L'une des inquiétudes est le délai de délivrance des certificats sanitaires. Les opérateurs seraient contraints de modifier leur planning de production « tout en les optimisant pour ne pas perdre trop de jours de DLC et conserver leur avantage [géographique] compétitif vis-à-vis des fournisseurs plus lointains ». D'autres recours devraient être privilégiés comme le TRACES NT (certificats phytosanitaires à l’exportation délivrés par la France édités via l’application développée par la Commission européenne).   

Lire aussi : Post-Brexit : les nouvelles échéances des contrôles sanitaires britanniques
 

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