Bordeaux incité à faire des vins de pays
L’événement n’est pas historique en soi. Pour la filière viti-vinicole, en panne de décisions depuis quelques années, le consensus obtenu mercredi soir au ministère de l’Agriculture marque toutefois une avancée importante. Pour enrayer la crise, les professionnels ont décidé de renoncer à la référence aux cépages sur les appellations d’origine contrôlées et de la consacrer exclusivement aux vins de pays. Une mesure qui sera actée par un décret à l’automne et applicable dès 2006. Devant l’engouement de la notion de cépage, facilement compréhensible par le consommateur, cette décision devrait inciter fortement la région bordelaise notamment, mais aussi la Bourgogne, à se mettre aux vins de pays. Les viticulteurs, qui n’avaient pour l’instant dans ces régions que le choix entre les AOC et les vins de table, verront sûrement un intérêt à opter pour une troisième catégorie, en vogue aussi bien en France qu’à l’étranger.
Les professionnels se sont mis d’accord pour dire que ce choix devra être fait trois ans à l’avance (système expérimenté depuis 10 ans dans le Minervois). Pour ceux qui opteraient pour les vins de pays, les professionnels ont affirmé vouloir obtenir la possibilité d’avoir recours aux mêmes pratiques que celles utilisées dans les autres pays producteurs. A savoir : pouvoir indiquer le cépage et le millésime sur la bouteille même si 15% de son contenu est issu d’un autre cépage ou d’un autre millésime (en restant toutefois dans la même zone de production). La filière française a réclamé mercredi le droit de pouvoir utiliser des copeaux de bois (mesure qui doit être décidée au niveau de Bruxelles). Pour les AOC, les professionnels ont souhaité leur renforcement par la mise en œuvre de moyens adaptés de contrôle de la qualité des produits. « La notion d’excellence a été retenue», s’est félicité René Renou, président du comité vins de l’Inao, qui a par ailleurs indiqué qu’une réflexion allait être menée sur la notion de cru classé.
Enfin, pour stimuler les ventes de vins, Hervé Gaymard a annoncé l’octroi d’une enveloppe supplémentaire de 5 M Eur en soutien des actions de promotion et de communication, précisant qu’« un effort serait fait pour soutenir prioritairement les campagnes collectives».