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Coopérative
Axéréal à la conquête de la filière malt mondiale

Le groupe coopératif Axéréal dresse un bilan positif de son exercice 2017-2018, marqué par l’annonce de l’extension des activités de la filière malt avec la reprise de celles de Cargill. En parallèle, la coopérative agricole poursuit ses démarches RSE.

L’exercice 2017-2018 a été bon pour la coopérative agricole Axéréal. En plus d’un chiffre d’affaires qui progresse à 2,5 milliards d’euros sur l’exercice 2017-2018 (soit +7 % par rapport à l’an passé) et d’un EBE à 96 millions d’euros (23 millions de plus que l’année dernière), l’acquisition imminente des malteries Cargill laisse augurer le renforcement de la position du groupe sur le malt. « Nous voulons aujourd’hui devenir le meilleur acteur de la filière », déclare Jean-François Loiseau, président d’Axéréal. La coopérative pourrait ainsi doubler sa production de malt, profitant de la capacité totale de production de Cargill qui s’élève à 1,69 million de tonnes, réparties sur quinze malteries d’une capacité moyenne de 106 000 tonnes, avec un taux d’utilisation supérieur à 80 %.

Un niveau proche de son concurrent AB Inbev

Axéréal atteindrait des niveaux de production similaires à son concurrent AB Inbev (2,7 millions de tonnes). « L’activité malt de Cargill est un très beau business. Ce qu’ils font est réfléchi et très bien géré. Travailler avec eux est une opportunité formidable, car c’est notre concurrent le plus complémentaire », vante Jean-François Loiseau. La future acquisition répondra au souhait de la coopérative de se rapprocher de ses clients grâce à la diversité géographique des malteries Cargill. « Nous produisons du malt dans dix pays et en exportons vers une centaine. Nous souhaitons suivre nos clients, et ainsi réduire notre empreinte commerciale, qui est aujourd’hui peu connue, mais importante », ajoute Paul-Yves L’Anthoën, directeur général d’Axéréal.

Nous voulons nous rapprocher de nos clients

La coopérative possède déjà dix malteries en Europe, « qui tournent à pleine capacité depuis de nombreuses années », précise Yvan Schaepman, directeur général de Boortmalt, filiale malt d’Axéréal. Parmi elles, la malterie d’Anvers, la plus performante au monde, qui tourne à 470 000 tonnes par an depuis la fin de la construction de la quatrième tour conçue par les équipes de Boortmalt elles-mêmes, pour laquelle la société a déboursé 35 millions d’euros. « Aucune société tierce n’est intervenue dans cette construction, ce qui nous a permis de diminuer l’investissement de 30 %, argent que nous avons pu réinvestir dans d’autres projets », explique Yvan Schaepman.

Axéréal augmente ses capacités de production pour suivre la croissance du marché du malt tiré, notamment, par l’augmentation constante de la consommation de whisky et de bière. La coopérative a vendu 1,064 million de tonnes de malt sur l’exercice 2017-2018 et ne compte pas s’arrêter là. « On investit pour augmenter nos capacités de production de 30 000 tonnes dès septembre 2019 sur l’un de nos sites irlandais », précise Jean-François Loiseau. En parallèle, un nouveau centre R&D sera opérationnel pour mai 2019.

Restructuration industrielle en meunerie

Avec 370 000 tonnes de farine vendues en 2017-2018, Axéréal est aussi le troisième meunier français. Néanmoins, la coopérative doit faire face à une chute de la consommation de farine en France d’en moyenne 4 % par an, parfois plus importante encore en zone rurale. « Le taux d’utilisation de nos usines diminuait sans cesse, nous avons donc repositionné nos installations industrielles », souligne Paul-Yves L’Anthoën.

Utiliser 60 % d’énergie renouvelable d’ici à 2030

Axéréal présente par ailleurs des objectifs RSE clairs : « devenir la meilleure coopérative durable », annonce Jean-François Loiseau. En plus d’une volonté de mieux rémunérer ses 13 000 agriculteurs, le groupe a signé un partenariat avec l’Ademe il y a quelques semaines pour approvisionner le site d’Issoudun (36) en énergie solaire. Les deux sociétés vont piloter la construction d’une plateforme de 1,5 hectare de panneaux solaires d’un coût de 6 millions d’euros, majoritairement subventionnée par l’Ademe, qui sera opérationnelle dès l’an prochain. « Ce projet s’inscrit dans notre objectif d’utiliser 60 % d’énergie renouvelable d’ici à 2030 », indique Yvan Schaepman.

Objectif 80 000 t de productions bios d’ici à 2022

Par ailleurs, Jean-François Loiseau rappelle « ne pas avoir attendu les ordonnances du gouvernement pour réduire drastiquement la dépendance économique de la coopérative aux activités phytosanitaires ». « De plus en plus de clients nous demandent des produits sans pesticides », ajoute Paul-Yves L’Anthoën. Axéréal souhaite tripler ses productions bios d’ici à 2022, pour atteindre 80 000 tonnes.

Petit bémol toutefois sur l’exercice 2017-2018 : Axéréal a vendu 489 000 tonnes d’aliments à destination de l’élevage, majoritairement avicole. « C’est la première fois que nous sommes sous les 500 000 tonnes », commente Paul-Yves L’Anthoën. Il rappelle toutefois que la coopérative ne produit plus d’œufs de poules élevées en cage : « nos 110 millions d’œufs produits sont issus de voies alternatives ».

Nos 110 millions d’œufs produits sont issus de voies alternatives

Jean-François Loiseau mentionne un « niveau d’endettement maîtrisé », qui s’élève aujourd’hui à 373 millions d’euros, soit 150 millions de moins qu’il y a 5 ans. Le ratio de levier (dette nette/EBE) d’Axéréal est passé de 4 à 3 sur le dernier exercice. Ce rapport a toutefois été affecté par les grèves SNCF du début d’année 2018. « En moyenne, dix trains par jour transportent notre production. Nous avons perdu 5 millions d’euros sur notre EBE à cause de ces manifestations », conclut Jean-François Loiseau.

Retour sur le buzz chinois de début 2018

Jean-François Loiseau a profité de la conférence de presse du 10 janvier 2019 pour revenir sur la collaboration entre Axéréal et Reward Group. Située dans l’Indre « cette société, avec qui nous commercions, appartenait à des Anglais, qui l’ont cédée à un investisseur chinois. Cela a donc toujours été une société étrangère… Certains agriculteurs y ont vu une belle opportunité pour vendre leur terre, que [Reward Group] a achetée, ce qui a fait le buzz. Nous avons rencontré les dirigeants plusieurs fois pour faire du commerce avec eux, produire du blé en France et soit le transformer ici puis l’exporter en Chine, soit l’exporter avant pour le transformer là-bas. C’est tout. C’est fou ce qu’il s’est dit sur cette histoire ! Il faut bien qu’on trouve des clients quand même ! » raconte-t-il.

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