Œufs
Année sombre pour les fabricants d’ovoproduits
Les œufs ont entamé le nouveau confinement après une année désastreuse pour les ovoproduits. La porosité avec le marché des œufs coquille donne un peu d’air, mais outre la fermeture de la restauration, l’incertitude sur les produits festifs brouille les perspectives pour les ovoproduits.
Les œufs ont entamé le nouveau confinement après une année désastreuse pour les ovoproduits. La porosité avec le marché des œufs coquille donne un peu d’air, mais outre la fermeture de la restauration, l’incertitude sur les produits festifs brouille les perspectives pour les ovoproduits.
Les ventes d’ovoproduits (environ un tiers des débouchés des œufs français) ont chuté d’un bon tiers cette année. La dégradation très violente durant le premier confinement n’a pas été compensée par un rebond durant l’été. L’actuel confinement a démarré avec des opérateurs sur les genoux : « sur les deux mois du premier confinement, le débouché ovoproduits a perdu 350 millions d’œufs sur les 1,3 milliard d’œufs consommés l’an dernier », résume Gaëtan Vergnes, directeur du Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo).
Les ventes de produits destinés à la restauration ont chuté de 70 % au premier confinement, voire 90 % sur certains segments comme les œufs brouillés (servis au petit-déjeuner dans les hôtels), car seules des restaurations comme celles des hôpitaux, des Ehpad, des casernes et des prisons sont restées ouvertes. Sur le second confinement, c’est un peu différent, car une bonne part de la restauration collective a repris. La baisse se situe entre -30 et -40 %, selon le Snipo. C’est bien sûr la fraction RHD (25 % des ovoproduits) qui a le plus fondu, la situation étant plus contrastée pour le débouché IAA. « Les échos que nous avons à mi-novembre seraient entre la stabilité et -7 % selon les opérateurs, d’autant plus pour ceux dont les clients IAA produisent pour la RHD puisque celle-ci sera probablement fermée pour les fêtes », précise-t-il.
Les centres de conditionnement ont emballé tout ce qu’on pouvait emballer
La perte n’est pas compensée pour la production française d’œufs par l’amélioration des ventes en GMS (48 % des consommations d’œufs, en œufs coquille). Il a fallu mobiliser toutes les ressources pour fournir les ventes exponentielles d’œufs coquille en GMS : +44 % le 1er mois du 1er confinement ; +25 % lors du 2d ; +12,8 % sur les neuf premiers mois de l’année ; +5 % ce mois-ci. « Les centres de conditionnement ont emballé tout ce qu’on pouvait emballer, les œufs coquille habituellement destinés à la restauration qui était fermée, beaucoup d’œufs bruns destinés aux ovoproduits et certains œufs blancs même si les consommateurs n’ont pas l’habitude d’en acheter en France », indique Loic Coulombel, directeur de Liot et président du Snipo.
L’exportation d’œufs coquille a aussi été très dynamique, +36 % sur les 9 premiers mois, pour atteindre 21 000 t, principalement vers l’UE alors que les importations baissaient dans le même temps de près de 8 % comme l’explique Maxime Chaumel du CNPO. Cependant, en ovoproduits l’encéphalogramme est plat, tant en importation qu’en exportation, et l’excès d’œufs reste réel.
Augmentation du coût de revient de l’œuf
Le président s’avoue inquiet pour le futur : « les coûts des matières premières pour la nutrition animale augmentent beaucoup, nous sommes passés de 220 €/t cet été à 250 €/t en octobre, ce qui représente une augmentation du coût de revient de l’œuf de 70 €/t. Or nous voyons certains opérateurs signer des engagements de 6, voire 12 mois avec des IAA, très en dessous des prix de revient. Cela dans un contexte de retour de l’influenza aviaire, même si j’ai confiance dans les mesures strictes de biosécurité mises en place. Même s’il y a actuellement trop d’œufs sur le marché et qu’ils ne se stockent pas, qu’en sera-t-il demain ? »