Agromousquetaires présente son plan de performances à l’horizon 2020
Agromousquetaires, le bras industriel des Mousquetaires, a dévoilé son large plan stratégique qui vise à améliorer sa performance de 100 millions d’euros en diminuant les coûts de production et en développant ses marques de distributeurs. Explications.
Agro Performance Plus 2020, tel est le nom donné au troisième plan stratégique lancé par Agromousquetaires, le pôle agroalimentaire du groupement des Mousquetaires. Après Eve 2010 et Cap performance 2015, qui a permis aux filiales des Mousquetaires d’augmenter leur chiffre d’affaires de 32,5 % à 4 milliards d’euros, Agromousquetaires se lance dans un nouveau plan à cinq ans afin d’améliorer sa performance de 100 millions d’euros. Il se décline en six axes : développer ses marques de distributeurs, optimiser les achats, améliorer la performance industrielle, déployer une chaîne logistique collaborative, mettre en place une politique de sécurité et harmoniser les fonctions administratives grâce à l’installation d’un ERP (enterprise ressource planning – progiciel de gestion intégré en français).
Une organisation plus transversale entre les douze filières
« Le contexte de la guerre des prix et le recul des marques de distributeurs touchent Agromousquetaires. En revanche, nous gagnons de l’argent, car Agromousquetaires doit autofinancer ses investissements. Mais la question est de savoir quels marchés on aura en 2020. Donc nous devons nous remettre en cause pour baisser nos coûts de production, développer l’innovation, accroître et valoriser la qualité de nos produits. C’est pourquoi nous lançons ce projet », déclare Christophe Bonno, directeur général d’Agromousquetaires. Au 4 septembre 2016, la part de marché valeur des marques de distributeurs a reculé de 0,6 point en cumul annuel mobile, selon des données Nielsen fournies par le groupe, l’écart de prix avec les marques nationales se réduisant toujours. La filiale des Mousquetaires veut ainsi « basculer d’une culture en silo (PME) à une organisation "pilote stratégique" à l’instar de grands groupes comme Danone ou L’Oréal, ramenée à douze filières avec une organisation transversale », détaille Christophe Bonno. Cette organisation sera possible quand le groupe aura installé le logiciel d’ERP de la société allemande SAP, choisi par appel d’offres européen.
Ce changement vise à harmoniser les compétences des fonctions supports. La première usine basculera sur l’ERP en janvier 2017, la dernière est prévue pour juillet 2019. « D’autres outils de la société SAP ou une autre pourront se coller à l’ERP pour la gestion de la production métier par métier », précise le dirigeant. Le budget global est estimé à environ 10 millions d’euros.
Aujourd’hui, Agromousquetaires réalise 25 % de son chiffre d’affaires en dehors de son activité avec Les Mousquetaires, soit 980 millions d’euros. Ce montant était de 555 millions d’euros en 2011. Et le groupe souhaite encore le développer et aller chercher « 350 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2020 », précise Christophe Bonno, grâce au développement de son activité en Europe et à l’export. Agromousquetaires livre notamment les magasins Partenaire Intermarché installés en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles ou encore en Polynésie. En Europe, le groupe veut se focaliser sur la Grande-Bretagne. Des discussions sont actuellement en cours avec Tesco et un « courant d’affaires a déjà commencé avec un distributeur », dont le nom reste pour l’heure non communiqué. Le groupe pense pouvoir réaliser un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros d’ici à 2020, uniquement grâce à l’export et aux quinze futurs points de vente Partenaire Intermarché, contre 200 000 euros à l’heure actuelle. En France, comme à l’étranger, l’innovation fera partie des priorités du groupe pour la fabrication des MDD Intermarché. Quatre produits du groupe ont d’ailleurs été retenus en sélection pour le Sial 2016, qui ouvre ses portes le 16 octobre prochain.
Un gain de 37 millions d’euros sur les achats
Si Agromousquetaires espère des gains de 28 millions d’euros en 2020 sur cet axe commerce, ce sont bien sur les achats que l’amélioration des performances est attendue la plus forte. Le groupe espère gagner 37 millions d’euros sur ces achats d’ici à 2020 grâce à la massification, à la standardisation de l’ensemble des achats non spécifiques et aux plans de progrès avec ses fournisseurs. Les acheteurs vont être rassemblés en un même lieu à Bondoufle et seront spécialisés par domaine d’achat. Sur la supply chain, le groupe espère réaliser 12 millions d’euros d’économie d’ici à 2020 en massifiant sa logistique et en améliorant la planification de la production, et la prévision des ventes et des flux avec Intermarché, son premier client.
Une treizième filière ?
Alors qu’il était prêté à Agromousquetaires des velléités sur l’entreprise Tilly-Sabco en redressement judiciaire, le groupe a fermement démenti cette information. En revanche, le groupe ne nie pas s’intéresser à la filière avicole dans laquelle il est encore absent. « La volaille peut être un axe à l’avenir. Nous n’avons pas d’abattoir, mais la production aujourd’hui ne correspond pas à la consommation. On réfléchit pour savoir s’il est possible de faire quelque chose, mais c’est très difficile. En tout cas, Tilly-Sabco est un outil qui ne correspond pas à nos besoins », conclut Christophe Bonno.
Quelques investissements déjà réalisés
Le groupe a récemment terminé un investissement de 45 millions d’euros pour la reconstruction de l’unité Moulin de la Chaume (07). L’usine la Laiterie Saint-Père (44) a bénéficié d’un montant de 23 millions pour créer une ligne de production de lait UHT à haute cadence. Elle est dotée d’une capacité de 32 000 bouteilles à l’heure. Au sein de sa filière pêche, 6,5 millions d’euros ont été consacrés à la construction d’un chalutier de 41,70 mètres et 8 millions d’euros à la construction de trois navires à Boulogne-sur-Mer. Enfin, 26 millions d’euros ont été utiles à la création d’une unité de préparation de commande automatisée de produits frais près de Rennes (35). En 2015, Agromousquetaires indique avoir investi 112 millions d’euros dans les unités de production de ces douze filières.