Abattoirs, polémiques et vidéos
Le 12 janvier, les députés ont adopté en première lecture certaines mesures de la proposition de loi Falorni dont l’article 4, ainsi formulé, stipule « à compter du 1er janvier 2018, à l’issue d’une expérimentation permettant d’évaluer l’opportunité et les conditions de leur mise en place, des caméras sont installées dans tous les lieux d’acheminement, d’hébergement, d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux ». Étrange formulation ! Fils d’agriculteur, le député UDI Thierry Benoit a refusé de voter ce texte généralisant la vidéosurveillance « en la masquant plus ou moins et en prétendant qu’il s’agit d’une expérimentation ». Même son de cloche du côté de Jean-Frédéric Poisson, qui s’est étonné lors de la discussion de cette généralisation « sans le dire, ce qui est quelque peu douteux du point de vue du procédé rhétorique ». D’ailleurs, les ONG ne s’y sont pas trompées, déclarant aussitôt comme l’OABA « l’enregistrement vidéo du poste d’abattage sera obligatoire, à partir du 1er janvier 2018 », faisant de l’expérimentation une simple formalité. Les professionnels, par l’intermédiaire de la voix d’Interbev, semblent croire que l’expérimentation jouera bien son rôle et affirment qu’ils contribueront pleinement aux travaux. Peut-être espèrent-ils qu’entre-temps, les élections passeront par là et que le texte pourra être amendé. Mais dans quel sens ? L’omniprésente L214 dans les discussions sur les bancs de l’Assemblée n’a pas dit son dernier mot. Loin de crier victoire, l’association se montre même insatisfaite de ce premier texte dont elle se trouve pourtant largement à l’origine. Son prochain combat : obtenir la généralisation de l’étourdissement avant abattage. Une question abordée lors de la discussion de la proposition de loi, à travers des amendements qui n’ont pas été adoptés. Les caméras officielles dans les abattoirs tests n’empêcheront pas L214 de continuer son action sur le sujet. D’ailleurs, son alliée, l’OABA, l’écrit clairement : « Il faudra encore beaucoup d’images et de polémiques pour que la cause animale avance dans notre pays. »