Lait infantile : la Chine boude l’Australie
Les relations diplomatiques se sont fortement dégradées entre la Chine et l’Australie cette année. De quoi inquiéter les entreprises laitières australiennes, puisque la Chine est leur principal marché à l’export, depuis la signature d’un accord de libre-échange en 2015. Sur les 2,32 milliards de dollars de chiffre d’affaires à l’export du secteur en 2019, FreshAgenda estime que la part de la Chine est de 45 %. Mais sur les neuf premiers de 2020, cette part a reculé à 42 %. En lait infantile, la dépendance est encore plus forte puisque la Chine était le débouché de 90 % des envois australiens en 2018, mais cette part a reculé à 73 % sur les neuf premiers mois de 2020. Un repli qui pourrait bénéficier à l’Union européenne, qui compte pour 70 % des importations chinoises de lait infantile en 2019, mais qui possédait 87 % de parts de marché en 2015, avant l’accord de libre-échange. Alors que l’Australie se positionne sur un segment très haut de gamme en lait infantile (y compris bio), avec un prix moyen approchant 14 000 $/t, supérieur à celui de l’Union (environ 11 000 $), des opportunités s’ouvrent pour les produits européens. Car la querelle entre les deux pays ne semble pas prête de s’arrêter. Même si la Chine n’a pas imposé de droit de douane sur les produits laitiers australiens (comme elle a pu le faire sur le vin par exemple), l’état a encouragé les chinois au boycott. Et ce qui était la force des produits australiens sur le marché chinois, leur origine clairement identifiée et synonyme de qualité, est dorénavant une faiblesse certaine.