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Matière première
[Guerre en Ukraine] Tournesol : pénuries en alimentation animale et humaine

Le manque de disponibilités en huile et tourteaux de tournesol suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie devrait peser sur l’alimentation humaine et animale.

© Pixabay

Premier producteur mondial d’huile, de graines et des tourteaux de tournesol, l’Ukraine pèse lourd dans l’approvisionnement mondial de cette matière première aussi bien pour l’alimentation humaine qu’animale. L’Ukraine et la Russie à eux deux représentent en moyenne 64 % de la production mondiale de tournesol entre la campagne 2016/2017 et 2020/2021 selon la FAO.

Avec l’invasion russe dans le pays et en conséquence le blocage des exportations, une pénurie mondiale d’huile n’est pas à écarter. Depuis le 5 mars 2022, l’huile de tournesol ukrainienne est exportée sous licence. Les sanctions sur les produits russes devraient aussi réduire les disponibilités mondiales.

En Europe, plusieurs enseignes de la grande distribution ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Certains ont même commencé à limiter l’offre dans les rayons des magasins notamment pour éviter que les consommateurs ne fassent de stocks face à la crainte de pénurie. A titre d’exemple la chaîne de supermarché Mercadona en Espagne a limité l’achat en ligne d’huile de tournesol à 5 litres par personne, indique l’AFP. Pour l’heure, les pays de l’UE n’ont pas encore subi de rupture. Les stocks disponibles d’huile de tournesol brute dans l’UE devraient durer entre quatre à six semaines, selon l’association européenne des huiles végétales, Fediol.

L’industrie alimentaire en subi les conséquences

Pour l’industrie agroalimentaire, une pénurie d’huile de tournesol aura des répercussions éventuelles sur les fabrications de sauces de mayonnaise, de vinaigrettes, de produits de boulangerie tels que les biscuits ou encore de conserves. La restauration hors domicile notamment le secteur de Horeca subira également les conséquences de ce manque d’offre, étant donnée l’utilisation répandue de l’huile de tournesol pour la friture dans ces segments. Le déficit se fera aussi sentir pour la production de biocarburant alors même que des tensions pèsent sur le marché de l’énergie.  

Les filières volailles et porc non OGM dans la tourmente

En production animale, les tourteaux de tournesol sont surtout utilisés pour l’alimentation des volailles et porcs. L’approvisionnement française en tournesol ukrainienne fluctue d’une année sur l’autre mais avoisinerait « les 450 000 tonnes à 650 000 tonnes », selon Laurent Rosso, directeur de Terres Inovia. La campagne française de tournesol a été bonne cette année, « la France serait capable de fournir le manque à gagner seulement à court terme ; les volumes risquent d’être déstabilisés à moyen terme, il faudra trouver d’autres sources mais qui seront à des prix exorbitants compte tenu du contexte », analyse-t-il.

Par ailleurs, les fabricants d’aliments pour bétails se disent extrêmement inquiets de la situation, surtout pour les filières non OGM. Ne sachant où s’approvisionner dans les semaines à venir, certains producteurs européens ont déjà entamé des abattages, d’autres ont fait le choix d’arrêter le non OGM. Les éleveurs manquent de visibilité sur l’avenir du marché. Les producteurs de porcs doivent faire face à des coûts de production records alors qu’ils ont déjà souffert d’un marché compliqué ces derniers mois notamment avec la faiblesse de la demande chinoise, la peste porcine africaine et de faibles prix qui ne leur permettaient pas de couvrir leur coût de revient.

La filière avicole, elle frappée de plein fouet par la grippe aviaire doit aussi supporter les coûts élevés de l’aliment. Selon la FEFAC (Fédération européenne des fabricants d'aliments pour animaux), les producteurs du sud de l’Europe seraient plus impactés par cette flambée puisqu’ils incorporent davantage de maïs dans l’aliment de volailles.

Vers des produits de substitution et d’autres origines

 L'Union européenne, l’Inde, la Chine, l'Iran et la Turquie représentent les principaux importateurs de l’origine ukrainienne. Environ 5,4 millions de tonnes d’huile de tournesol seront requises par ces pays entre mars et septembre 2022, selon les estimations de la FAO.

Faute d'huile de tournesol ukrainienne, la demande se reportera sur d’autres huiles végétales (huiles de palme, de soja et de colza) et d’autres origines. L'évolution récente des prix internationaux reflète déjà cette tendance. Les cotations de l'huile de tournesol de l'Argentine, troisième exportateur mondial, a bondi depuis fin février, tout comme les cotations internationales de l'huile de palme.

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