Emballage : le lavage industriel pour le réemploi, une bonne idée ?

La société Eternity Systems, à la tête de seize centres de lavage industriel multi-secteurs, cherche aujourd’hui à se diversifier et à mettre à disposition des filières agroalimentaires son expertise industrielle du lavage, transport et stockage de contenants de tous types en verre, plastique et inox. Une stratégie qui peut profiter aux sociétés de l’agroalimentaire contraintes par la loi Agec à sortir de l’utilisation d’emballages en plastique à usage unique.

Eternity Systems discute avec plusieurs enseignes de la grande distribution, des marques alimentaires nationales, mais aussi avec des sociétés œuvrant dans le secteur de la restauration et de l’événementiel afin de nouer des partenariats et récolter des volumes. « Nous avons mis en place une nouvelle zone pour notre nouvelle activité agroalimentaire. Nous avons dû refaire les sols, les murs, la peinture pour accueillir notre première ligne en novembre 2022 », se réjouit Éléonore Blondeau, responsable de nouveaux projets d’Eternity Systems, lors d’une visite de presse du centre de lavage industriel de Lisses (Essonne) de la société.

La société est particulièrement sollicitée par ses clients de l’agroalimentaire sur la partie verre, car le réemploi de ces types de contenants n’en est qu’à ses balbutiements et est amené à se développer.

La ligne d’Eternity Systems est actuellement consacrée au lavage des bacs gastronormes et aux gobelets en verre, plastique, inox, de différents formats. « Nous montons progressivement en puissance, car ces produits sont déjà bien standardisés. Nous faisons, par ailleurs, des tests autour des pots et deux bocaux, là aussi, avec des formats différents », précise Éléonore Blondeau.

Les bouchons des contenants sont, en revanche, jetés, direction recyclage. Les emballages sont nettoyés par aspersion dans un tunnel, puis arrivent dans une zone d’immersion. « Une fois lavés, les contenants peuvent être reconditionnés et emballés dans des emballages secondaires tels que des caisses, sachets, fermés ou ouverts, cela dépend de la demande de notre client à laquelle nous nous adaptons », commente-t-elle.

Pour peaufiner son projet de diversification à l’agroalimentaire, Eternity Systems est en étroit contact avec Citéo dans le cadre de tous ses projets R&D. D’ici à la fin de l’été, la société va accueillir une ligne de lavage de gobelets.

L’atelier agroalimentaire reste encore très manuel, la société cherchant à prendre ses marques. « Notre productivité sera grandement améliorée à l’avenir. Nous travaillons à limiter les gestes de l’opérateur, et trouver les angles où le nettoyage est le plus efficace », ajoute Éléonore Blondeau.

L’objectif pour Eternity Systems est d’attendre une standardisation des contenants à nettoyer afin de gagner en efficacité et diminuer les coûts de fonctionnement. « La standardisation permet aux machines de détecter si le contenant est en bon état et de l’éjecter s’il ne l’est pas. Mais en attendant, nous voulons rester flexibles. Nous traitons de petits volumes, mais il faut qu’ils soient récurrents », indique-t-elle.

Eternity Systems dispose d’une salle propre certifiée ISO 8 où température, pression et hygrométrie sont maîtrisées. « Cette zone jouit des mêmes conditions qu’une salle chirurgicale. On s’assure que les contenants ne sont pas contaminés avant de les reconditionner selon les cahiers des charges des clients », explique Éléonore Blondeau. Eternity Systems dispose de suffisamment d’espace pour s’équiper de quatre autres lignes de lavage industriel et d’automatiser le tout. « Nous sommes prêts à réaliser ces investissements, mais nous avons besoin de volumes suffisants, pour avoir un bilan économique favorable, mais aussi réguliers afin de définir les protocoles adéquats avec nos clients », souhaite-t-elle.

Pour se munir de volumes suffisants, Eternity Systems souhaite mettre en place une boucle opérationnelle régulière avec ses clients. « Notre vision consiste à ce que les consommateurs ramènent leurs emballages sales dans des collecteurs de type RVM (recherche et valorisation des métaux, NDLR) situés dans les magasins pour qu’ils puissent être envoyés vers les plateformes, puis vers les centres de lavage un mutualisant ces nouveaux flux avec ceux déjà existants sur les emballages logistiques que nous traitons déjà, détaille Éléonore Blondeau. Nous pensons qu’au-delà de ces boucles, à plus long terme, des collecteurs seront également positionnés dans les rues des centres urbains afin que les sociétés de collecte déjà existantes puissent emporter ces contenants non pas vers des centres de recyclage, mais vers des centres de lavage, sur le même modèle que ce qui est en train de se développer sur les biodéchets. »

Eternity Systems effectue des tests sur des emballages en plastique rigide, mais ambitionne sur le long terme de gérer des contenants en plastique souple.

Eternity Systems a fait de la RSE l’une de ses priorités au sein du fonctionnement de ses usines. La seule consommation d’eau neuve des usines est celle utilisée pour le rinçage final, par obligation réglementaire. L’eau évacuée est ensuite traitée sur place pour être de nouveau utilisée à d’autres étapes du lavage. « Un litre d’eau est en moyenne utilisé 300 fois dans nos process. Nous voulons être le plus autonome possible », exprime Franck Andrieux, directeur développement business d’Eternity Systems. L’usine de Lisses est aussi équipée de pompes à chaleur, lui permettant d’économiser 40 % d’énergie. La société veut en installer davantage, mais aussi doter ses sites de panneaux photovoltaïques.

Eternity Systems souhaite étendre son expertise de lavage partout en France et souhaite investir sur les 24 prochains mois une enveloppe de 18 millions d’euros pour développer entre 5 et 7 centres de lavage. Ils seraient implantés auprès de sociétés qui ont déjà une activité à côté, dans l’emballage, le réemploi ou bien dans tout autre secteur où le lavage industriel s’insérerait dans leur fonctionnement. « Nous voulons nous impliquer dans des démarches territoriales, nous faire connaître auprès d’acteurs régionaux et leur présenter notre démarche vertueuse », conclut Éléonore Blondeau.

La démocratisation en cours de la vaisselle réutilisable dans le secteur de la restauration pourrait voir d’un bon œil la mise en chantier de tels centres de lavage industriels.