Réglementation
[Mis à jour] Les dénominations de denrées animales protégées par décret
Le décret visant à protéger les dénominations des produits animaux de boucherie, charcuterie et poissonnerie vient d'être publié au Journal Officiel. Salué par Inaporc et Interbev, le texte entrera en vigueur le 1er octobre 2022.
Le décret visant à protéger les dénominations des produits animaux de boucherie, charcuterie et poissonnerie vient d'être publié au Journal Officiel. Salué par Inaporc et Interbev, le texte entrera en vigueur le 1er octobre 2022.
Mis à jour à 15:00 avec la réaction du CNPO et des associations de consommateurs
Le gouvernement vient de publier au Journal Officiel (JO) un décret afin d’encadrer l’utilisation des dénominations de denrées issues de produits d’origine animale tels que la viande ou les produits de la mer. Les produits végétaux proposant une alternative à la viande ou au poisson ne pourront plus être appelés steaks, lardons, thon etc.
« Il est interdit d’utiliser, pour désigner un produit transformé contenant des protéines végétales […] une dénomination utilisant la terminologie spécifique de la boucherie, de la charcuterie ou de la poissonnerie », mentionne le décret n° 2022-947 du 29 juin 2022.
Celui-ci précise que des denrées d’origine animale contenant des protéines végétales dans une proportion déterminée peut utiliser la dénomination utilisant la terminologie spécifique de la boucherie charcuterie et poissonnerie « lorsqu’une telle présence est prévue par la réglementation ou mentionnée dans la liste annexée au présent décret ». Le texte entrera en vigueur au 1er octobre 2022.
Un décret salué par Inaporc et Interbev
L’interprofession porcine partage dans un communiqué son soulagement quant à la publication de ce décret. « Ce texte permet […] d’éviter toute confusion avec d’autres recettes élaborées à partir d’autres ingrédients », écrit Inaporc. L’interprofession voit ce décret comme une première étape et aimerait élargir cette nouvelle réglementation à l’échelon européen, comme c'est déjà le cas pour les dénominations du lait et des produits laitiers.
« Une récente étude de l’institut CSA, commandée par Inaporc, confirme que cette mesure va dans le sens des attentes des Français : ils sont 68 % à estimer qu’un produit constitué uniquement de végétaux ne doit pas utiliser les appellations traditionnellement attribuées aux produits issus du porc », complète l’interprofession.
Interbev se félicite également de "la mise en application de cette disposition du code de la consommation, qui constitue une avancée majeure en matière de transparence de l’information délivrée aux consommateurs". "Cette disposition est une première étape sur le territoire français, pionnier dans la protection de ses dénominations, qu’il conviendra d’élargir au niveau européen", insiste l'interprofession bétail et viande.
L'œuf et les ovoproduits concernés
L'interprofession des œufs se félicite de se décret, précisant que les "dénominations telles que blanc d’œuf, omelette, crème anglaise, île flottante, mayonnaise, etc." sont désormais strictement réservées aux produits d'origine animale.
Deux principales critiques se font entendre
Si les filières animales françaises saluent ce décret au nom de la protection du consommateur, les associations de consommateurs se montrent elles bien moins enthousiasme. Une étude du Beuc, qui représente les consommateurs européens, indique justement que les consommateurs n'étaient pas hostiles à ce genre de dénominations.
Une enquête du @beuc (qui représente les consommateurs justement !) a montré que la majorité des consommateurs ne voient pas de problème à l’utilisation de termes associés à la viande pour des alternatives végétales tant que l’étiquetage est clair @EricAndrieuEU 2/2 pic.twitter.com/uVaIJ8gjpc
— Camille Perrin (@Perrin_Cam) September 14, 2020
Autre faiblesse du décret, il s'applique "aux denrées alimentaires, fabriquées sur le territoire national". Les produits belges ou espagnols ne sont donc pas tenus de l'appliquer, tandis que les opérateurs français doivent s'y conformer. C'est ce que dénonce, entre autre, Romain Jolivet de l'entreprise La Vie, qui vient de faire entrer son "bacon" végétal à la carte de Burger King.