Œufs : la cage fait de la résistance
Entre flambée des coûts de production et évolution des arbitrages des consommateurs entre bien-être animal et budget serré, l’année 2022 s’annonce sous tension pour le marché de l’œuf.
Entre flambée des coûts de production et évolution des arbitrages des consommateurs entre bien-être animal et budget serré, l’année 2022 s’annonce sous tension pour le marché de l’œuf.
La production d’œufs pourrait bien se tasser en 2022. « Les mises en place de poulettes ont reculé de 3,5 % sur les onze premiers mois de 2021, selon les estimations établies à partir des déclarations au CNPO. Ces chiffres ne vont pas dans le même sens que les modèles d’Agreste, mais sont corroborés par les données des fabrications d’aliments poulettes, qui reculaient de 4 % au troisième trimestre », explique François Cadudal, directeur économie à l’Itavi.
Début septembre, la cage représentait encore 35 % des mises en place, cette part est en chute libre depuis plusieurs années, d’abord du fait de la ruée vers le bio, puis le développement du plein air. « Ce qui reste fera en partie l’objet d’une transition progressive vers le sol. Mais la cage est encore recherchée pour l’export, notamment vers le Moyen-Orient, mais aussi pour certains débouchés français, comme les grossistes qui alimentent des supérettes ou des marchés forains. Pour ces secteurs, ce qui compte, c’est le prix », décrypte l’économiste.
Le sol prend le relais de la cage
Les débuts de la transition vers l’élevage alternatif ont été rapides et spectaculaires mais faciles, avec des consommateurs avides de promesses sur le bien-être. « Mais là, on rentre dans le dur, ceux qui restent sur la cage le font en conscience, pour des raisons budgétaires, encore plus dans un contexte inflationniste », alerte François Cadudal. Le code 3 est toujours présent dans la majorité des enseignes, mais certaines l’ont déjà supprimé, en avance sur leurs engagements communiqués en 2017. Entre 2020 et 2021, la cage a néanmoins encore perdu 5 points de parts de marché, avec 1 point vers le bio, 1 vers le plein air et 3 vers le sol.
« Un aliment si haut pendant si longtemps, c’est inédit ! » François Cadudal, directeur économie à l’Itavi
Revaloriser tous les codes, surtout le bio
Après un an et demi de hausse de l’aliment pondeuse, l’amont de la filière attend des négociations commerciales qu’elles prennent enfin en compte la flambée des coûts de production. « Aucune amélioration n’est attendue avant l’été, même si les prix se tassent ils resteront à des niveaux très élevés, alerte François Cadudal, un aliment si haut pendant si longtemps, c’est inédit ! » À cela vont s’ajouter les surcoûts engendrés par le déploiement de l’ovosexage. Mais c’est sur le bio que le renchérissement est le pire, avec la nouvelle réglementation. Les poulettes devront désormais être élevées en plein air, ce qui empêche d’induire la ponte via l’éclairage et limite la productivité.
Quant au passage de 95 % à 100 % d’aliments bio, « ça paraît anecdotique, mais c’est critique, ce sont des amidons et protéines très chers en bio et qui conditionnent la performance », explique l’économiste qui évalue le surcoût sortie élevage entre +15 à +25 % selon des premiers essais. « La répercussion de ces surcoûts pourrait freiner le recrutement de nouveaux acheteurs d’œufs bio, voire limiter les achats des consommateurs actuels », juge François Cadudal.