Cryogénie : un froid qui nettoie le matériel de chai
CBC-CleanByCryo propose des prestations de service originales : elle nettoie et détartre le matériel vinaire avec de la neige carbonique. Les résultats semblent prometteurs.
CBC-CleanByCryo propose des prestations de service originales : elle nettoie et détartre le matériel vinaire avec de la neige carbonique. Les résultats semblent prometteurs.
Nettoyer les cuves à la glace carbonique… C’est le nouveau concept développé par l’entreprise vauclusienne CBC-CleanByCryo, spécialiste du nettoyage cryogénique professionnel. Cette société réalise des prestations de service dans la France entière, à l’aide d’une unité mobile (le Cryoblaster), se branchant sur un compresseur. Ce dernier émet un jet d’air comprimé, qui projette des particules de neige ou de glace carbonique à - 78 °C sur les parois de la cuve, via un petit embout. L’effet conjugué du froid et du choc mécanique provoque « le détachement du déchet ou de la couche, indique Jean-Pierre Chaumier, gérant de l’entreprise. C’est un procédé deux fois plus rapide qu’avec un karcher, et en plus, nous n’employons ni solvant, ni eau, ce qui évite d’avoir à traiter les effluents derrière. Un coup d’aspirateur sur les déchets, et c’est bon. C’est un procédé écologique. » En effet, une fois projetée, la glace se sublime. Ne restent que le tartre et les déchets. Un concept séduisant…
Un procédé moins probant sur béton que sur inox
Et ce d’autant plus que selon Jean-Pierre Chaumier, la cryogénie peut être employée tant pour le nettoyage, que pour le détartrage ou la désinfection des cuves. Il met en avant des résultats aussi bons qu’un nettoyage avec eau et solvants, aussi bien sur inox que sur bois. En revanche, « sur béton, c’est moins probant », nuance-t-il.
Des résultats pour partie confirmés par Mohand Sadoudi, chargé d’études à Inter Rhône, qui a mené un petit essai en 2016, sur bois et sur inox. Le chercheur a travaillé sur des surfaces qu’il avait préalablement contaminées en brett et qui affichaient des populations indénombrables (plus de 105 par boîte gélosée). Sur inox, après un nettoyage de quarante secondes (pour une cuve d’un hectolitre), il a obtenu une très bonne efficacité.
« On arrive à la stérilité puisqu’il ne reste aucune Brettanomyces juste après le passage, indique Mohand Sadoudi. En revanche, je n’ai pas regardé la rémanence et ne sais donc pas si la cryogénie effectue une désinfection (c’est-à-dire si elle empêche la recolonisation de la surface par les micro-organismes). » Il estime qu’il s’agit d’une « vraie bonne méthode pour remplacer le nettoyage à la soude, car on n’utilise pas d’eau ni de produit nocif, et on ne génère pas d’effluent. C’est très efficace, en un temps record. » Selon lui, c’est également une bonne méthode pour détartrer. « C’est, là aussi, rapide et efficace, poursuit-il. Une fois ôté, on ne voit même plus le tartre ; il devient de la poussière que l’on aspire vite et aisément. »
Trouver les bonnes modalités sur bois
Sur bois, le résultat est plus mitigé. Après 1,20 minute de cryogénie sur une douelle, il a dénombré en surface 104 bretts par gélose. Après 2,50 minutes, la contamination est tombée à 20 unités/boîte, « ce qui est suffisant pour éviter toute contamination effective lorsque le vin est correctement protégé », note le spécialiste. En revanche, en profondeur (3 mm), 24 heures après traitement, il y avait 95 unités/gélose, contre 20 juste après contamination, « ce qui signifie que la cryogénie n’est pas rentrée en profondeur, analyse Mohand Sadoudi. Il aurait peut-être fallu rester plus longtemps pour obtenir une meilleure efficacité ». Au final, le chargé d’études trouve la cryogénie prometteuse, à condition que le coût ne soit pas trop prohibitif, que le personnel soit équipé de masques et le chai de détecteurs de gaz. Il émet également des réserves quant à la détérioration des surfaces.
L’entreprise intervient partout en France sur devis, le prix variant selon la distance, les quantités et le niveau de salissure des contenants. Mais à titre d’exemple, pour une cuve de 200 hectolitres, il faut compter dans les 350 euros HT minimum.
Contact : Jean-Pierre Chaumier, 07 68 47 40 93, cbc@cleanbycryo.com
Témoignage - Xavier Anglès, domaine du Bois de Saint Jean, à Jonquerettes dans le Vaucluse
« Je suis conquis »
" CBC-CleanByCryo a réalisé des essais de détartrage sur inox chez moi. Il s’agissait d’une cuve où le tartre tenait très fortement aux parois. Après passage à la cryogénie, la cuve était nickel, détartrée et nettoyée, cela fait deux étapes en une. Normalement, je réalise cette opération au nettoyeur haute pression à la vapeur. Mais cela provoque beaucoup d’humidité. Une fois dans la cuve, je ne peux nettoyer que trois minutes, puis dois m’arrêter trois minutes car je n’y vois plus rien. Par ailleurs, lorsque j’ai des malos en cours, le chai doit être chaud. Je ne peux pas évacuer toute cette humidité en aérant, ce qui provoque des moisissures.
La cryogénie a donc de nombreux avantages. C’est une technique de nettoyage à sec, qui ne génère aucun résidu et n’emploie pas d’eau ; juste de l’électricité. En revanche, c’est très, très bruyant. Au niveau du temps de travail, j’ai un peu servi de cobaye, donc ça n’allait pas assez vite. Mais ils ont amélioré leur procédé, et à présent, c’est plus rapide que ma technique actuelle. La cryogénie peut aussi être employée sur bois ou sur pierre. Je l’ai testée sur des piliers en pierre : le rendu est très bon, sans aucune altération du matériau. On a aussi nettoyé les composants électroniques de la machine à vendanger. Tout marchait parfaitement après, j’ai été bluffé ! Je compte refaire appel à l’entreprise pour détartrer une cuve où le tartre adhère. Pour ce qui est du coût, il est raisonnable, mais il ne faudrait pas que ce soit plus cher. »